LA CONFUSION SEXUELLE

La confusion sexuelle est une méthode de lutte biotechnique collective contre les tordeuses de la grappe. Spécifique, d’une grande souplesse d’emploi et respectueuse de l’environnement, la confusion sexuelle apparaît comme une alternative d’avenir. Elle est en cours de développement dans les vignobles du Sud-Ouest.

Quel est le principe de la confusion sexuelle et quels en sont les avantages ?

Le principe de la technique est de perturber la phase de rapprochement des papillons mâles et femelles par émission de phéromones synthétiques en grande quantité. Ces phéromones reproduisent la substance naturelle émise par la femelle pour attirer le mâle. Dans l’atmosphère saturée en phéromone, les mâles sont incapables de localiser les femelles et les accouplements sont moins nombreux. Il en découle moins d’oeufs, moins de chenilles et par conséquent moins de dégâts sur les raisins. La technique de la confusion sexuelle présente de nombreux avantages : absence de toxicité pour l’utilisateur (mais nécessite tout de même le port de gants durant la pose des diffuseurs), respect de la faune auxiliaire, absence de résidus sur les raisins et respect de l’environnement.

Comment mettre en oeuvre la technique ?

Afin d’obtenir de bons résultats, la confusion doit être mise en oeuvre sur des surfaces minimales de 5-10 ha de vignoble d’un bloc homogène. Cette contrainte impose la concertation et l’accord de l’ensemble des viticulteurs de la zone à protéger :

  • La confusion sexuelle ne donne de bons résultats que si elle est mise en oeuvre sur des populations réduites au départ. En première année de confusion, un traitement préventif sur les premières éclosions de la première génération est fortement conseillé.
  • La pose des diffuseurs doit être réalisée au plus près du début des vols de première génération sur les fils lieurs préférentiellement ou sur des sarments d’un diamètre suffisant pour assurer une bonne accroche
  • par exemple pour un écartement entre les rangs de 2.20 m, un diffuseur qui couvre une surface de 20 m2, devra être apposé un rang sur deux, tous les 4.5 m linéaire de vignoble
  • afin d’assurer une couverture régulière et uniforme de la parcelle, les diffuseurs doivent être répartis en quinconce.

Les nouveaux « puffers » ne sont pas concernés par ce schéma et la pose doit se faire suivant les conseils du technicien.

Comment protéger les bordures des parcelles ?

Les bordures doivent être renforcées afin d’empêcher la pénétration des papillons dans la parcelle et de maintenir la concentration de l’atmosphère phéromonale dans l’ensemble de la parcelle. Ce renforcement est d’autant plus important que la région ou la parcelle est exposée à des vents violents (vent d’autan, tramontane…).

  • pour les parcelles non entourées par d’autres vignes ou séparées de ces vignes par un chemin de plus de 5 mètres, il faut veiller à doubler la densité des diffuseurs sur les bouts de rangs et sur les rangs de bordure. Les arbres ainsi que les haies (cyprès, arbustes…) voisins de la parcelle devront également recevoir des diffuseurs
  • pour les parcelles entourées d’autres vignes non protégées par la méthode de confusion sexuelle, il faut doubler les diffuseurs en bordure de parcelle et s’assurer que les parcelles voisines reçoivent une protection insecticide efficace et soignée. Les parcelles voisines doivent également recevoir des diffuseurs sur une profondeur de 30 à 40 m.

Quelles sont les spécialités disponibles pour la confusion sexuelle, à quelle dose s’emploient-elles et quel est leur coût ?

Il existe plusieurs spécialités autorisées pour la confusion sexuelle et l’offre s’est diversifée ces dernières années. Ces spécialités s’emploient à la dose de 500 diffuseurs par hectare cadastral dans la zone protégée, un diffuseur couvrant une surface d’environ 20 m2. Cependant la présence de friches, de chemin et de routes, augmentent le nombre de diffuseurs nécessaires dont la densité réelle est bien souvent comprise entre 550 et 600 unités par hectare de vigne:

  • Rak® 1 (BASF) : pour Cochylis 2 générations. Coût de 170 €/ha (500 diffuseurs) sans compter le temps de pose (Source Coûts des Fournitures)
  • Rak® 2 New (BASF) : pour Eudémis 3 générations. Coût de 160 €/ha (500 diffuseurs) sans compter le temps de pose (Source Coûts des Fournitures)
  • ISONET LE (CBC BIOGARD) :pour eudémis et cochylis 3 générations : en forme de spaghetti, ces capsules homologués depuis février 2012, sont constituées de deux tubes en plastique rouge de 20 cm de long soudés aux extrémités. Coût de 155 €/ha (500 diffuseurs) sans compter le temps de pose (Source Coûts des Fournitures).
  • ISONET L (CBC BIOGARD): pour eudemis. Le diffuseur est composé de deux tubes parallèles en polymère, l’un contient un fil d’aluminium permettant son application sur la vigne, l’autre est rempli avec le mélange spécifique de phéromones. 500 diffuseurs par hectare et renforcement des bordures
  • ISONET LA+ (CBC BIOGARD): pour eudemis, cochylis et eulia. 500 diffuseurs par hectare pour un coût de 155€/ha.
  • Checkmate Puffer LB : pour eudémis 3 générations : homologué depuis 2016, ce sont des des aérosols qui diffusent à intervalles réguliers les phéromones. Coût de 195 à 234 €/ha (2.5 à 3 diffuseurs/ha selon le plan de pose) sans compter le temps de pose (Source Coûts des Fournitures)

Comment vérifier l’efficacité de la technique et quelle est la règle de décision pour un éventuel traitement complémentaire ?

Des rencontres fortuites entre mâles et femelles sont toujours possibles si les vols sont importants. Des contrôles doivent être réalisées sur chaque génération et dès la première afin de vérifier l’efficacité de la confusion sexuelle pour les deux ravageurs :

  • des pièges sexuels sont posés dans les zones sensibles de la parcelle. l’absence de capture ne constitue pas une preuve du bon fonctionnement de la confusion sexuelle. Des captures d’eudémis et de cochylis sont un indice soit d’une insuffisance de confusion sexuelle, soit d’un vol important
  • comptage de première génération : ces contrôles sont impératifs car ils permettent de bien identifier la ou les espèces présentes ou majoritaires et d’adapter si besoin la stratégie de protection pour la deuxième génération. Le seuil d’intervention pour un traitement chimique préventif en deuxième génération se situe, en confusion sexuelle, à 30 glomérules avec chenilles vivantes pour 100 inflorescences. Seules des populations importantes en G1 (>60 glomérules pour 100 inflorescences) imposent le recours à un traitement curatif
  • comptage de deuxième génération : ces comptages consistent à observer les pontes et sont réalisés par les techniciens. La mise en oeuvre d’un traitement insecticide curatif se raisonne pour des très fortes pressions et au cas par cas.

Quelle est la règle concernant le retrait des diffuseurs ?

Les diffuseurs étant des emballages de produits phytosanitaires, ils ne doivent en aucun cas se retrouver dans la récolte. Dans les conditions normales d’utilisation et de réglage des machines à vendanger, ces risques sont limités mais engagent toutefois la responsabilité du viticulteur. Ces diffuseurs y compris ceux disposés dans les buissons, les arbres ou les friches, doivent être enlevés et ne doivent pas être jetés par terre ni brûlés. Les distributeurs proposent et assurent en général la récupération des diffuseurs.

 

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