DESTRUCTION DES ENGRAIS VERTS

Le développement de couverts végétaux de type engrais vert, semés en fin d’été ou à l’automne pour couvrir le sol en hiver et produire de la biomasse au printemps, a pour conséquence l’apparition d’une offre de mécanisation dédiée pour le semis comme pour la destruction.

Quel outil employer pour détruire le couvert végétal et restituer la biomasse ?

Il est possible de restituer au sol la biomasse fournie par le couvert de différentes façons : roulage, broyage, tonte, enfouissement. Cela a bien sûr un impact sur la vitesse de dégradation du couvert et sur sa minéralisation (Gontier L., 2015). Mais cela conditionne également les opérations ultérieures d’entretien de l’inter-rang : tonte ou désherbage mécanique. Si tous les couverts peuvent être stoppés par le roulage lorsqu’ils sont en fin de cycle végétatif, ceux qui s’y prêtent le mieux sont ceux dont les tiges sont creuses : la féverole par exemple est assez simple à rouler.

Pourquoi le roulage des couverts ?

Le principal avantage de rouler les couverts est que le débit de chantier est très important : une vitesse de travail supérieure à 10 km/h est envisageable dans de bonnes conditions. L’opération est rapide et c’est un grand avantage pendant la période considérée lors de laquelle il y a un pic de travail au vignoble. La demande énergétique d’un roulage est très faible comparativement au broyage, à la tonte et à l’enfouissement avec des disques par exemple. L’inconvénient de cette technique est d’obtenir une destruction incomplète du couvert si le mélange composant celui-ci est hétérogène et que toutes les plantes ne sont pas en fin de cycle. En fonction de l’épaisseur du mulch créé par le passage du rouleau, la motricité doit être surveillée pour les interventions ultérieures.

Différents types de rouleaux et spécificités

Les principales différences entre rouleaux écraseurs de végétaux se situent au niveau de la conception des éléments qui pincent les tiges. Pour tous, le principe commun est une répartition de l’appui au sol par le décalage des éléments, pour éviter que le rouleau ne saute en fonction des irrégularités du terrain et pour améliorer la pression unitaire de chaque élément au sol. Les observations réalisées après le roulage sur un couvert à base de féveroles permet de les distinguer sur le mode d’action ainsi que sur l’homogénéité du travail.

Rouleau de la société Rolfaca-+Gerber

Lames droites disposées en créneaux. Les tiges peuvent être coupées plus qu’écrasées compte tenu des arêtes saillantes. Le montage avant est possible. Le rouleau Clemens est conçu à l’identique mais dispose d’une option intéressante d’extensibilité du rouleau pour s’adapter à des largeurs de vignes différentes. Les tiges de féverole sont coupées en petites sections.

Rouleau Actisol

Les lames inclinées sur 4 sections interchangeables permettent la répartition de l’effort au sol. De nombreuses tiges sont coupées plus que pincées, le rouleau peut remonter de la terre s’il a un angle d’attaque trop prononcé.

Rouleau Martin Raucoules

Une conception plus artisanale pour ce rouleau à deux sections de lames inclinées pour canaliser le flux de végétation et éviter que les couverts ne se couchent sous les pieds de vigne. L’écrasement est un peu moins homogène.

VITIMECA

La particularité de ce rouleau proposé par la société VITIMECA tient en plusieurs caractéristiques qui le distinguent des autres : les lames ondulées pour la répartition de l’effort au sol, la présence d’un vérin d’appui au 3ème point pour ajuster la pression sur le couvert par un report du poids du tracteur, et la présence d’un contre-rouleau plein, de petit diamètre, devant le rouleau principal.  L’écrasement du couvert obtenu est très homogène.

Quelle demande énergétique de la destruction d’un couvert ?

Demande énergétique de la destruction d’un couvert par roulage

La destruction par roulage se fait à vitesse élevée : entre 8 et 12 km/ha, voire plus, à un régime moteur faible compte tenu du type de travail effectué (outil trainé, passif, très faible résistance à l’avancement). C’est le poids du rouleau qui fait le travail par pincement sur les tiges creuses. Les consommations relevées vont de 3,6 à 4,1 L/h. Le débit de chantier est évidemment très favorable à la consommation par hectare comme l’indique le tableau ci-dessous.

Demande énergétique de la destruction d’un couvert par broyage

Le broyage d’un couvert fortement développé peut être assez énergivore. Les mesures réalisées avec un broyeur à fleaux sur un couvert de 120 cm de hauteur donnent une consommation de 10,8 L/h à la vitesse de 3,8 km/h. Pour un couvert  implanté un rang sur deux la consommation par hectare est de 7,75 L.

L’enfouissement est ensuite réalisé avec un appareil de type covercrop. La consommation instantanée mesurée varie entre 5,14 et 7,22 L/h pour une vitesse de travail de 6 km/h.

Dans ces conditions, et toujours pour des couverts implantés un rang sur deux, la consommation par hectare s’établit entre 2,3 et 3,3 L.

L’ensemble des deux opérations, broyage et enfouissement, demande donc un total de 10 à 11 L de carburant par hectare, c’est-à-dire 10 fois plus qu’un simple roulage.

Pour quel coût ?

Le coût de la destruction des engrais verts dépend plus du prix du matériel considéré que du temps de travail associé à l’opération. Il se situe entre 20 et 30 € par ha.

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