LA FLAVESCENCE DORÉE

La flavescence dorée (FD) est une maladie grave, classée parmi les jaunisses de la vigne et détectée depuis les années 1950 en France. Elle est causée par un phytoplasme qui est classé comme organisme de quarantaine, son principal vecteur est une cicadelle inféodée à la vigne et qui transmet le phytoplasme en se nourrissant. La flavescence dorée est l’une des maladies les plus dommageables du vignoble européen et celle-ci peut avoir un impact sévère, tel que des pertes de rendement ou le dépérissement des plantes et d’importantes conséquences économiques dans la majorité des pays viticoles. Sans mesures de contrôle, la maladie se propage rapidement, et peut affecter la totalité des ceps en quelques années.

Quels sont les dégâts et quelle est la nuisibilité de la flavescence dorée  ?

L’importance de cette maladie dépend de la présence simultanée du phytoplasme de la flavescence dorée et de la cicadelle, Scaphoideus titanus, qui en est vectrice. Le phytoplasme est une «bactérie» sans paroi cellulaire. C’est un parasite strict, et il a besoin pour vivre d’utiliser l’activité métabolique des cellules qu’il infecte.

Les vignes infectées par la flavescence dorée développent des symptômes qui ne peuvent pas être distingués de ceux provoqués par d’autres phytoplasmes de la vigne, appartenant au groupe des jaunisses qui peuvent être facilement confondus avec d’autres maladies.

Une fois affectée par la flavescence dorée, la vigne présente les symptômes caractéristiques des jaunisses. Les premiers symptômes peuvent parfois être observés au début du développement végétatif : le premier symptôme visible peut être un retard de débourrement ou un mauvais débourrement.

Au printemps, on peut observer une réduction de la croissance des rameaux fructifères, une coloration et un enroulement des feuilles. Les symptômes plus évidents sont mieux visibles en septembre. Sur la vigne infectée, on peut observer un manque ou une absence de lignification des rameaux. Les feuilles s’enroulent, sont craquantes au toucher et deviennent rougeâtres pour les cépages rouges ou jaunâtres pour les cépages blancs. Le dessèchement des inflorescences et des baies peut se produire en été. À l’intérieur de la plante, le phytoplasme réduit l’activité photosynthétique et le transport des nutriments, diminue la qualité du raisin ou peut même entraîner un dessèchement total des grappes, provoquant des pertes de rendement significatives (jusqu’à 100%).A plus ou moins long terme, la souche infestée meurt.

Comment reconnaître les cicadelles responsables de la flavescence dorée ?

Les adultes mesurent entre 6 et 7 mm. Ils sont de forme allongée, de couleur ocre, tachetés de marbrures brunes. Les larves, de couleur blanc hyalin, aux 2 premiers stades passent progressivement au jaune avec une pigmentation brune sur l’abdomen puis le thorax, 2 points noirs à l’extrémité de l’abdomen sont caractéristiques de cette cicadelle. L’œuf, bistre clair, mesure 1 mm, est allongé et aplati.

Quelle est la biologie de la cicadelle responsable de la flavescence dorée ?

Scaphoideus titanus est une espèce univoltine. Les œufs sont pondus à la fin de l’été sous l’écorce du vieux bois, puis après un stade de diapause de 6 à 8 mois, variable en fonction des conditions climatiques et des caractéristiques du vignoble, les oeufs éclosent.
La durée de la période d’éclosion varie selon les régions et sont régulées par les températures. Après l’éclosion, 5 stades larvaires se succèdent en 5 à 8 semaines, selon les conditions climatiques avant l’apparition des adultes. Les larves restent habituellement sur la plante où elles éclosent, mais sautent parfois d’une plante à l’autre. Elles se nourrissent préférentiellement sur les pampres à la base du tronc ou sur les feuilles inférieures. Les adultes apparaissent généralement à partir de juillet, sont très mobiles et volent de vigne à vigne. Pour s’accoupler, Scaphoideus titanus émet des signaux de communication vibratoires. Les femelles, si elles se sont accouplées, peuvent commencer à pondre des œufs 10 jours après la dernière mue.

Quelle est la biologie du phytoplasme une fois qu’il a été ingéré par le vecteur ?

La cicadelle acquière le phytoplasme par piqûre d’un cep déjà atteint. Le phytoplasme se réfugie dans l’intestin de son hôte où il se reproduit, migre dans l’hémolymphe et dans les glandes salivaires, où la multiplication est très importante. La durée du trajet est de 1 mois environ. Ce trajet constitue le temps de latence pendant lequel la cicadelle ne peut pas transmettre le virus. A la suite de cette période de latence, il existe un risque de contamination d’une nouvelle plante à chaque essai de prise de nourriture. Il n’y a pas de transmission à la descendance et tous les œufs sont sains.Une fois dans la plante, le phytoplasme circule par le phloème jusqu’aux racines. L’été et le printemps suivants, il migre par la sève vers les feuilles.

La transmission de la flavescence dorée est-elle possible par le matériel végétal ?

Oui, tout comme dans le cas du bois noir, le phytoplasme peut effectivement être transmis par le greffage. Concrètement, si greffons ou porte-greffe sont prélevés sur une souche malade, les plants qui en seront issus sont fortement susceptibles d’être porteurs du phytoplasme. Le traitement à l’eau chaude des bois et plants est efficace (50°C pendant 45 minutes). Toutes les expérimentations réalisées à ce jour n’ont jamais permis de retrouver le phytoplasme après traitement dans des bois préalablement infectés. Pour limiter les risques de dissémination, une surveillance annuelle des vignes mères de greffons est obligatoire, et toute souche malade doit être signalée auprès des services de contrôle avant arrachage de la souche. Une destruction des lots de plants issus de cette parcelle par greffage l’année précédente pourra être ordonnée, avec comme alternative dans certains cas, leur traitement à l’eau chaude avant livraison aux viticulteurs. La vigne mère incriminée est alors placée en quarantaine et une nouvelle exploitation des bois ne sera possible qu’après 2 années d’absence totale de symptômes. Dans le cas des porte-greffe, l’observation de symptômes en végétation est impossible (porteur sain). En cas de doute, une recherche du phytoplasme peut être exigée par l’administration (échantillonnage de bois et test par PCR). En cas de test positif, les mêmes mesures sont immédiatement appliquées (recherche des lots de plants et mise en quarantaine de la parcelle).

Quelles sont les méthodes de lutte contre la flavescence dorée ?

Les traitements insecticides visant Scaphoideus titanus sont essentiels pour diminuer les populations de vecteurs, et diminuer la vitesse de propagation et/ou le risque d’épidémie de flavescence dorée. Scaphoideus titanus étant un insecte extrêmement efficace pour propager la flavescence dorée dans le vignoble, les traitements insecticides doivent être appliqués au bon moment.

En France, tout cas de flavescence dorée doit être déclaré auprès des Services de la Protection des Végétaux et les ceps atteints doivent impérativement être arrachés. La réglementation impose l’arrachage des parcelles dont la proportion de ceps atteints dépasse un certain seuil (20 ou 30 % en général). En zone contaminée (zone définie par arrêté préfectoral) la lutte contre l’insecte vecteur est obligatoire. Cette lutte systématique repose sur 3 traitements insecticides en période de végétation à des dates définies par le SRPV.

  • 1er traitement : 1 mois après les premières éclosions, lorsque les premières cicadelles deviennent infectieuses
  • 2ème traitement : en fin de rémanence du premier insecticide
  • 3ème traitement : il vise les adultes venant d’autres vignes

 

Cas de la viticulture biologique

En viticulture biologique, la prévention est cruciale. La présence de cicadelles de la flavescence dorée dans le vignoble doit être surveillée avec précision, surtout lorsque la parcelle est proche d’une zone où la présence de FD a été confirmée. Des traitements insecticides à base de pyrèthre naturel peuvent être effectués contre le vecteur de la FD (Règlement de la CE 889/08).
En plus des traitements insecticides qui doivent être régulièrement renouvelés, les observations du vignoble sont essentielles pour prévenir et limiter la propagation de la FD. Le pyrèthre naturel présente la meilleure efficacité sur les stades larvaires L1 à L3 mais malheureusement, celle-ci est variable et l’application de pyrèthre doit être couplée à la surveillance des populations de vecteurs et à des observations successives de la parcelle, avant et après traitement. Toute vigne symptomatique doit être arrachée immédiatement.

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