LA CHLOROSE FERRIQUE DE LA VIGNE

Le terme de chlorose désigne de façon générale une déficience en chlorophylle chez les végétaux, responsable d’une décoloration des feuilles plus ou moins prononcée (jaunissement). Elle est le plus fréquemment due à une carence en fer, qui peut avoir plusieurs origines (déficience du sol, blocage de l’absorption ou de l’utilisation par la plante). Les besoins de la vigne en cet élément sont réduits (inférieur à 1 kg/ha), ce qui fait du fer un oligo-élément. La chlorose peut se traduire par des désordres importants, susceptibles d’avoir de lourdes implications technico-économiques.

Quels sont les 3 types de chlorose ferrique que l’on peut distinguer ?

  • La chlorose vraie, liée à une déficience du sol en fer. Ce type de chlorose est rare
  • La chlorose induite, liée à une indisponibilité du fer au niveau du sol. La vigne ne peut alors pas l’absorber. Les causes principales sont le pH du sol, l’aération, le taux de calcaire actif ou la teneur élevée en bicarbonates du sol
  • La chlorose physiologique : le fer est absorbé au niveau des racines. Mais, soit la migration vers les feuilles est bloquée en raison d’une déficience en acide citrique, indispensable au transfert du fer (réserves glucidiques insuffisantes), soit le fer, arrivé au niveau des feuilles, est insolubilisé et donc non utilisable par la plante. Ces deux phénomènes, qui peuvent avoir lieu conjointement, sont liés à la richesse en bicarbonates des racines

Ces différents types de chlorose peuvent être simultanés et il est souvent difficile de les différencier.

Quels sont les symptômes de la chlorose ferrique ?

  • Le pic d’expression se situe au printemps, autour de la floraison
  • On observe d’abord un jaunissement du limbe (couleur blanc nacré pour les symptômes sévères), les nervures restant nettement plus vertes
  • Selon l’intensité de la chlorose, liée entre autres aux conditions de l’année, les dégâts évoluent vers un dessèchement du limbe entre les nervures (en commençant par le bord des feuilles), progressant de façon internervaire et pouvant aller jusqu’à la nécrose complète de la feuille (stade « Cottis »)
  • Les jeunes feuilles sont touchées les premières, et les jeunes rameaux en croissance peuvent présenter des entre-nœuds raccourcis
  • On remarque souvent une distribution par tâches dans les parcelles (zones plus humides, asphyxiantes, remontées de roche-mère calcaire, …)

Quelles sont les conséquences de la chlorose ferrique ?

  • Mauvais aoûtement, réduction du diamètre des bois
  • Raccourcissement du cycle végétatif ne permettant pas de reconstituer les réserves (faible teneur en amidon dans les bois)
  • Perte de vigueur, affaiblissement des souches (jusqu’à la mort dans les cas les plus graves)
  • Difficultés d’établissement des jeunes vignes en cas d’erreur de porte-greffe
  • Coulure et millerandage
  • Diminution de la qualité des raisins (richesse en sucre notamment)

Quels sont les facteurs favorisants la chlorose ferrique ?

  • Sols calcaire, notamment riche en calcaire actif (qui représente la fraction du calcaire total susceptible de se dissoudre facilement et rapidement dans la solution du sol)
  • Porte-greffe insuffisamment résistant à la chlorose et/ou à l’excès d’humidité temporaire (printemps humide)
  • Excès d’humidité (absorption difficile, solubilisation de carbonate de calcium et formation de bicarbonate)
  • Sécheresse prolongée, perturbant l’absorption de nombreux éléments nutritifs
  • Période froide (absorption plus difficile au niveau de la vigne)
  • Sol compacté (mauvaise aération du sol qui favorise la formation de bicarbonate)
  • Excès de vigueur, de production (limite le stockage de l’acide citrique et nécessite des besoins plus importants)
  • Historique des désherbages avec des herbicides de prélevée, qui peut concerner aussi bien des sols acides et filtrants, que calcaires
  • Travail du sol au printemps dans certains cas (solubilisation du calcaire)
  • Fertilisation azotée nitrique excessive
  • Faible taux de matière organique du sol, activité biologique réduite

Comment gérer les problèmes de chlorose ferrique ?

Le moyen le plus efficace, le plus durable et le plus économique est préventif. A la plantation, choisir un porte-greffe tolérant au moins les taux de calcaire actif déterminé par l’analyse de sol (en gardant une marge de sécurité !). L’Indice de Pouvoir Chlorosant (IPC) donne une indication supplémentaire, car il tient compte de la quantité de fer assimilable dans le sol :

IPC = (Calcaire actif en %) / (Fer facilement extractible en mg/kg)2 X 10 000. Dans certaines situations, son emploi ne donne pas toujours satisfaction (valeurs extrêmes), il faut l’utiliser comme un outil en complément des autres indicateurs fournis par les analyses de sol et sous-sol. L’IPC varie de 0 (risque de chlorose nul) à plus de 100 (risque de chlorose très élevé).

  • Favoriser le drainage du sol, et limiter la compaction,
  • Attention au travail du sol en terrain calcaire (risque de solubilisation) !
  • Privilégier les enherbements, maintenir un taux correct de matière organique (apport de composts, …).
  • Apports au sol : avant le débourrement, 3 à 4 T/ha de sulfate ferreux à enfouir pour éviter tout contact avec l’air, ou 30 à 80 kg/ha (selon la formulation) de chélates de fer en enfouissement. Sur le moyen terme, les apports au sol sont les plus efficaces.
  • Pour une correction ponctuelle en cas de symptômes récurrents, il est également possible d’effecteur 3 à 4 pulvérisations foliaires (sulfate, nitrate, chélates de fer) à partir du stade 5 feuilles étalées.

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POUR EN SAVOIR PLUS

Fiche inspirée du travail réalisé par le groupe de travail national « fertilisation de la vigne »

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