LA MATIÈRE ORGANIQUE

Plusieurs études locales font le constat de baisse des taux de matières organiques dans les sols cultivés français ces dernières décennies. Bien que la tendance ne soit pas généralisable, il est nécessaire de s’en préoccuper dans une optique de gestion à long terme de la qualité des sols.

Qu’est-ce que la matière organique ?

Le terme matière organique regroupe une somme importante et hétérogène de substances et composés carbonés d’origine végétale et animale : des débris en cours de décomposition issus de la végétation (sarments, feuilles, racines, herbe) qui constituent la litière du sol, jusqu’à l’humus stable solidement fixé aux particules d’argile qui garantit la pérennité structurale. Il est ainsi plus juste de parler des matières organiques du sol (MOS). Les MOS sont essentiellement localisées dans l’horizon superficiel du sol (0-20 cm).

Quels sont les rôles des matières organiques du sol ?

Les MOS ont un rôle primordial dans le comportement global du sol :

  • vis-à-vis de la qualité physique du sol, elles sont le liant des particules minérales (argiles, limons et sables) à travers le complexe argilo-humique. De ce fait, elles participent à la qualité de la structure du sol et à sa stabilité vis-à-vis des agressions extérieures (pluie, compaction entraînée par le passage d’engins agricoles…)
  • les MOS assurent le stockage et la mise à disposition pour la plante, par minéralisation, des éléments dont elle a besoin.
  • les MOS stimulent l’activité biologique du sol
  • les MOS ont un rôle fondamental au niveau environnemental en retenant les micropolluants organiques et les pesticides. L’augmentation de leur temps de passage dans le sol permet d’améliorer leur dégradation par les micro-organismes. Elles participent au maintien de la qualité de l’eau.

Comment évaluer et caractériser la teneur en matière organique d’un sol?

Pour évaluer la qualité et la quantité des matières organiques d’un sol, il existe plusieurs indicateurs :

  • le taux de matière organique accessible par analyse de sol physico-chimique classique. En sols viticoles, les taux de matière organique varient de 0.5 à 2% voire 2.5%. Il est inutile de viser un taux trop élevé. Un taux inférieur à 1% peut néanmoins être problématique
  • le fractionnement granulométrique permet de séparer les MOS en fonction de leur taille et de leur densité, et donc d’identifier la part des matières organiques dites « libres » de la part des matières organiques dites « liées ». La matière organique libre représente des particules de 50 à 2000 micromètres de diamètre. Elle participe à la fertilité du sol en « nourrissant » la biomasse microbienne qui, elle-même, participe à la nutrition des plantes en azote, phosphore… La matière organique liée aux argiles et limons et dont la taille des particules est inférieure à 50 micromètres, constitue l’humus stable du sol aux fonctions essentiellement structurantes. La connaissance de la répartition des matières organiques dans le sol, permet d’orienter le choix du type d’apport. La méthode est néanmoins récente et il n’existe pas de référentiel

Ces indicateurs sont à utiliser conjointement et surtout en liaison avec l’observation à la parcelle (structure du sol : phénomène de battance, de ruissellement et d’érosion, d’hydromorphie…, précocité et vigueur de la vigne…).

Pourquoi gérer le statut organique d’un sol ?

La gestion du statut organique d’un sol est indispensable, même si le taux de matière organique fourni par l’analyse est jugé satisfaisant.  En effet, chaque année, 1 à 2 % de l’humus du sol, soit de 300 à 1200 kg/ha/an selon le taux initial de MO, sont dégradés par minéralisation.

Cycle simplifié de la matière organique

La gestion des matières organiques passe par des apports exogènes : apports d’amendements organiques et/ou enherbement.

Quel est l’intérêt de l’enherbement dans la gestion de la Matière Organique ?

L’enherbement est une solution intéressante : il est non seulement une source de matière organique par décomposition des parties aériennes, après la tonte ou le désherbage, mais aussi par décomposition des racines constamment renouvelées dans le sol. Il a également un effet bénéfique direct sur la structure du sol : décompactage grâce au tissu racinaire et amélioration de la porosité de la surface, ce qui limite également les phénomènes d »érosion. Cependant, cet apport organique, loin d’être négligeable, est très variable et difficilement quantifiable. Dans le cas où l’enherbement n’est pas envisageable, ou lorsque son insuffisance à maintenir un statut organique satisfaisant est constatée, des apports d’amendements organiques sont nécessaires.

Comment choisir le type de produit à apporter ?

Il faut savoir, premièrement, que les amendements à base de matières végétales ont une valeur humifère, « qui produit de l’humus », supérieure à ceux provenant de matières animales. Un des critères fondamentaux de choix d’un amendement est son rendement en humus, c’est-à-dire son aptitude à donner naissance dans le sol à de la matière organique stable. L’ISMO (Indice de Stabilité des Matières Organiques) est un indicateur, mis au point par l’INRA, qui représente le pourcentage de matière organique stable rapporté à son taux de matière organique totale. Il donne donc une indication sur la quantité de matière organique permettant de reconstituer le stock humique du sol. Plus l’ISMO est élevé, plus l’amendement sera stable dans le sol.

Comment calculer les amendements de manière pratique ?

Voici un exemple de calcul à mener dans le raisonnement d’un amendement organique.

Perte en humus à compenser : 1T/ha/an
Amendement souhaité : compost de végétaux
Taux de Matière Organique du compost : 20%
Valeur de l’ISMO : 70
Quantité d’humus fournie pour 1 tonne : 1000 kg x 0,2 x 0,7 = 140 kg
Apport nécessaire par an : 7,1 tonnes

Un formulaire de calcul permet d’estimer les pertes et de calculer les apports compensatoires à réaliser.

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