LA TAILLE LONGUE DE LA VIGNE EN GUYOT
(SIMPLE, DOUBLE OU POUSSARD)

Du nom du Docteur Guyot, qui préconisa la taille longue de la vigne pour remédier à la faiblesse des rendements dans certaines productions, le Guyot et ses différentes évolutions sont aujourd’hui largement adoptés dans de nombreux vignobles.

En quoi consiste la taille de la vigne en Guyot simple ?

La taille Guyot est une taille mixte sur une charpente courte. La souche est constituée d’un tronc prolongé par un bras (le sarment supérieur) et un courson (le sarment inférieur) à deux yeux. La longueur du bras dépend de la vigueur de la souche. Après avoir monté le tronc, la taille de formation du cep consiste à tailler les sarments afin de donner sa structure à la souche. La taille annuelle consiste à supprimer le bois fructifère et tailler les coursons.

Quels sont les avantages du Guyot simple ?

  • le Guyot simple est une technique facile à mettre en oeuvre
  • le Guyot simple permet une réduction au minimum de l’allongement de la charpente
  • le Guyot simple assure une fructification correcte aux cépages peu fertiles, et une forte production aux autres

Quels sont les inconvénients de la taille de la vigne en Guyot simple ?

  • le Guyot simple contribue au vieillissement prématuré de la souche
  • les plaies de taille importantes générent des nécroses profondes préjudiciables à la circulation de la sève, et pouvant favoriser des maladies du bois : eutypiose, esca…
  • le Guyot simple favorise l’entassement de la végétation et de la production en bout de baguette
  • plus généralement, le Guyot simple provoque une hétérogénéité selon la position des yeux sur la baguette (débourrement, croissance, maturité…)

Quelles sont les étapes de formation de la taille courte de la vigne en Guyot simple ?

Afin de réussir la formation du Guyot simple, les tailles des premières années sont capitales :

  • Dès la première année, on peut ébourgeonner la vigne en ne laissant qu’une seule pousse. Ainsi, lors de la première taille, il n’y aura aucune plaie sur le futur tronc. Le nombre d’yeux sur le sarment conservé doit être adapté en fonction de la vigueur : taille à 2 yeux (vigueur normale) ; à 3 voire 4 yeux (vigueur forte). Toujours éviter les plaies rases
  • La période végétative de la deuxième feuille est essentielle : un ébourgeonnage soigneux et précoce permettra de conserver une pousse, celle qui partira le plus bas possible de la souche (on peut, par sécurité en cas de casse, conserver deux pousses dans un premier temps, jusqu’à l’attachage du futur tronc et suppression du rameau surnuméraire). Si les branches sont très developpées et durcies lorsque l’on réalise l’épamprage, il ne faudra pas hésiter à les retirer au sécateur (toujours sans raser…), pour éviter les arrachements profonds, générateur de nécroses importantes sur les pieds alors de faible diamètre. En fin de deuxième année, on ne conserve que le rameau correspondant au futur tronc, correctement attaché au tuteur et taillé juste au-dessus du fil porteur
  • La taille de 3ème année est assez simple puisqu’il suffit de réaliser un Guyot classique avec un courson et une baguette. Le travail le plus important est encore l’épamprage : il faut le réaliser le plus tôt possible, quitte à passer plusieurs fois, toujours dans le but de limiter les plaies profondes sur le tronc. On nettoie alors le pied jusqu’au niveau d’où partiront le courson et la baguette laissés l’hiver suivant
  • En quatrième feuille, le risque de déséquilibre est grand (souche jeune et vigoureuse, taillée à fruit, et au système racinaire insuffisamment développé). Un ébourgeonnage soigné, et une limitation de la récolte le cas échéant sont impératifs, sous peine de gréver durablement le développement du jeune cep (apparition de sress hydrique, développement de carences en potassium, mortalité…)
  • Par la suite, le système du Guyot simple consiste à tailler baguette et courson sur le bois de l’ancien courson en supprimant la baguette de l’année, ce qui génère obligatoirement une grosse plaie. Le courson de l’année est toujours placé en position basse (au plus près de la souche), afin de limiter l’allongement du cep
1 – Taille en hiver de l’année A; sur le bois de 2 ans on laisse un courson à la base et une baguette à x yeux.
2 – Au cours de la saison, les sarments se développent sur les bois de taille
3 – à la taille de l’hiver A + 1 la baguette est entièrement supprimée et, sur les bois de remplacement, le courson taillé à deux yeux est choisi sur le sarment le plus bas, la nouvelle baguette sur l’autre

Comment allonger la durée de vie des ceps de vigne taillés en Guyot simple ?

Il est possible de limiter certains aspects négatifs de la taille en Guyot simple grâce à des gestes simples :

  • En équilibrant la taille : il faut chercher à répartir le bois sur la souche en gardant quand c’est possible un courson du côté opposé à la baguette. Deux coursons peuvent ainsi être conservés, surtout sur les vieilles vignes. Sur un cep visiblement déséquilibré, on peut même conserver lors de l’ébourgeonnage un gourmand du côté non alimenté, pour le tailler à courson l’hiver suivant
  • En évitant de raser les plaies, et en privilégiant toujours l’épamprage en temps et en heure (avant que les pousses soient durcies s’il est effectué manuellement). Le fait de laisser des chicots à la taille limitera les nécroses profondes dûes aux cônes de déssèchement. Leur longueur doit être au moins équivalente au diamètre de la coupe, mais sans excès pour limiter le nombre de gourmands. Ils pourront être éliminés un ou deux ans plus tard lorsqu’ils seront secs
  • En respectant la vigueur : tailler trop court une souche vigoureuse est préjudiciable, tout autant que tailler trop long une souche faible. Un éclaircissage ultérieur peut être nécessité par rapport à un objectif de production, surtout sur des vignes relativement jeunes et fertiles
  • En observant la position des yeux sur le courson avant de tailler : le premier oeil doit être au-dessous, afin de préserver le flux de sève et de réaliser toutes les plaies de taille sur le dessus. Ceci est possible, car sur une vigne ayant une vigueur normale, les deux yeux du courson se développent, mais beaucoup plus rarement l’oeil de la base situé sur la couronne. Si un seul oeil franc est laissé, la plupart du temps, l’oeil opposé de la couronne se développe. On peut donc adapter la longueur du courson en fonction du positionnement des yeux, mais cette observation retarde quelque peu le tailleur
  • En renouvelant la souche ou en recépant lorsque c’est possible : si l’on constate que le haut de la souche dégénère, il est conseillé de garder un gourmand bien placé, et de le rabattre à deux yeux une année en cas de vigueur insuffisante. Lorsqu’on sectionne le tronc au-dessus du gourmand, toujours conserver un chicot suffisant, et protéger la grosse plaie effectuée avec un mastic par exemple (protection mécanique, en particulier contre les spores d’Eutypa lata)

Double, Poussard, quelles sont les autres variantes du Guyot ?

Guyot double :  il s’agit d’une technique de taille identique au Guyot simple, mais qui consiste à conserver 2 sarments de façon à obtenir 2 baguettes. Un ébourgeonnage de la baguette à la taille, permet de réduire la production et une meilleure aération des grappes. Le Guyot double est adapté aux cépages vigoureux, fructifères mais est plus coûteux en temps de travail que le Guyot simple.

Guyot Poussard (du nom d’un viticulteur charentais) : il s’agit d’une taille en Guyot simple à deux bras, dont l’un porte un courson, et le deuxième une baguette et un courson de rappel. On alterne la position de la baguette d’une année sur l’autre, afin de conserver un équilibre entre les deux parties de la souche. L’idéal est d’aligner les plaies de taille sur le dessus du rameau, pour faciliter la circulation de la sève en ménageant une zone continue avec peu de nécroses face inférieure des bras. Un inconvénient : en vieillissant, les deux bras «s’ouvrent» et éloignent les deux parties de la végétation, ce qui peut poser des problèmes (discontinuités dans le feuillage, et renouvellement des bras souvent difficile).

Avant coupe
Après coupe
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