MAITRISE DE L’ACIDITÉ DES SOLS

Au même titre que la matière organique, la prise en compte du statut acido-basique du sol est un préalable à toute fertilisation de la vigne.

Quels sont les processus naturels d’acidification des sols ?

Les processus majeurs qui interviennent dans l’acidification des sols sont :

  • l’activité biologique qui favorise l’acidification par libération d’acides organiques, absorption préférentielle des cations par rapport aux anions au niveau des racines et nitrification
  • la dissolution de la roche mère qui agit négativement sur l’acidification en libérant des bases
  • le lessivage qui, par circulation d’eau, notamment en hiver, accélère l’entraînement des cations produits par acidification, des anions et des particules
  • les intrants : certains engrais (engrais ammoniacaux) et certains produits phytosanitaires (soufre…) jouent également un rôle non négligeable

Quelles sont les conséquences de l’acidification ?

Les conséquences sont variables selon le niveau d’acidification du sol :

  • dégradation de la structure du sol
  • en sol non calcaire, diminution de la CEC effective (capacité d’échange cationique évaluée par une méthode modifiant peu le sol), lessivage des cations. La fertilité du sol est diminuée, les éléments comme le phosphore, le potassium et le magnésium sont moins disponibles pour la plante à partir d’un certain niveau d’acidification
  • diminution de l’activité biologique du sol
  • augmentation de la solubilisation de certains minéraux qui peut être à l’origine de toxicités (Al, Cu et Mn) si le pH descend trop bas (<5,5). Ces toxicités peuvent toucher la vigne (cas des jeunes plants) mais touchent surtout la vie du sol

Quels sont les indicateurs du statut acido-basique d’un sol ?

  • les observations terrain : flore naturelle, dégradation de l’état de surface, dégradation plus difficile des résidus organiques
  • le pH eau qui est le pH d’une suspension de terre dans l’eau pure dans un rapport terre/eau donné (1/5 en volume norme française). Ce pH varie en fonction de la saison et il n’existe pas de pH idéal
  • le taux de saturation S/CEC : l’acidification du sol se traduit par une perte des cations échangeables (Ca2+, Mg2+, K+, Na+) du complexe d’échange et leur remplacement progressif par les ions H+ et Al3+
  • le pouvoir tampon : cette notion traduit la plus ou moins grande faculté du sol à modérer les variations de pH

Quels sont les principes pour raisonner l’acidité des sols ?

Le raisonnement s’effectue en fonction des indicateurs évoqués précédemment. De manière simplifiée :

  • pH eau < 6,2 => redressement nécessaire
  • 6,2 < pH eau < 7,0 => entretien
  • pH > 7,0 => pas d’apport

Les calculs des doses se font en tenant compte de la différence entre l’état souhaitable et l’état actuel et du pouvoir tampon.

Quels sont les différents types d’amendements basiques et leurs caractéristiques ?

Il existe des produits crus (calcaires, craies, dolomies, marnes) et des produits cuits (chaux) à action plus rapide. Un produit cru sous forme de granulé devra obligatoirement être incorporé au sol après épandage, au risque de perdre toute son efficacité après recarbonatation. Les amendements basiques sont caractérisés par :

  • leur valeur neutralisante (VN) : calcaire à 54% de CaO = 54 VN, dolomie à 33% de CaO et 18% de MgO = 58 VN. Ceci n’est applicable qu’aux amendements basiques traditionnels
  • leur finesse pour les produits crus : broyés, calibrés… Plus de finesse permet une meilleure rapidité d’action
  • leur solubilité carbonique qui caractérise la rapidité d’action des produits crus : > 50 action rapide ; entre 20 et 50 moyennement rapide, inférieur à 20 action lente

Quel amendement privilégier dans une situation donnée ?

  • dans le cas d’une plantation, on va chercher une action lente avec un amendement possédant une solubilité carbonique moyenne à faible. Exception : sols à pH < 5,8 pour lesquels il faut absolument corriger rapidement le pH en utilisant des amendements à action rapide
  • sur une vigne en place et dans le cas d’une situation à redresser, il faut utiliser des produits à action rapide et à solubilité carbonique élevée
  • en entretien sur sol lourd, on réalisera des apports tous les 3 à 5 ans avec des amendements à action rapide
  • en entretien sur sol léger, les apports se réaliseront tous les 2-3 ans à l’aide d’amendements à action moyennement rapide

Quelques conseils pratiques ?

  • incorporer au sol après apport, si possible, pour une meilleure rapidité d’action
  • raisonner le statut acido-basique du sol avant la matière organique
  • sur vigne en place, les apports d’amendement organique et d’amendement basique sont à alterner : l’apport organique est à réaliser l’année suivant l’apport basique
  • éviter un apport d’amendement basique avec un apport d’engrais ammoniacal (pertes par volatilisation)
  • dolomie : apport de Mg, donc sur sol déficient en Mg

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POUR EN SAVOIR PLUS

Fiche inspirée du travail réalisé par le groupe de travail national « fertilisation de la vigne »

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