LA CONSOMMATION DE CARBURANT DES MATÉRIELS VITICOLES

Quels sont les facteurs qui interviennent le plus sur la consommation de carburant au vignoble?

L’état général du tracteur et des matériels utilisés
Il convient ainsi de rappeler que les filtres, le renouvellement de l’huile, le graissage des renvois d’angle ou autres éléments de transmission, s’ils ont un impact mineur par rapport à d’autres facteurs, jouent sur la longévité des pièces mécaniques comme sur la consommation via la limitation des déperditions énergétiques dans les frottements. Les pneumatiques ne doivent pas être négligés car ils sont garants de la bonne transmission de l’énergie au sol pour la traction. Des pneumatiques usés sont la source de plus de patinage et donc de plus de consommation.

La conduite du tracteur et les réglages des outils
La connaissance de la plage d’utilisation optimale du moteur par l’utilisateur lui permet de viser un régime de rotation adapté au travail. En matière de pulvérisation ou de travail du sol, il y a des marges de manœuvre parfois importantes. L’adéquation entre le tracteur et l’outil le plus « gourmand » joue beaucoup car un tracteur trop peu puissant sera utilisé à un régime moteur trop élevé et surconsommera.

Les itinéraires de culture et le renouvellement des opérations
En matière d’entretien du sol et de désherbage mécanique par exemple, l’anticipation est la clé pour ne pas se laisser dépasser par la croissance des adventices. Des interventions plus précoces dans des conditions plus simples permettent d’éviter les problèmes de réglages, de faible débit de chantier dû au bourrage, et sont moins exigeantes en terme de puissance utilisée.

Les choix technologiques de conception des machines
Les différentes technologies ont une incidence sur la demande énergétique via le besoin d’hydraulique, la vitesse de travail possible. Cela est particulièrement vrai pour les effeuilleuses par exemple.

Le type de transmission
Indépendamment de l’outil, le tracteur ou porteur utilisé est plus ou moins efficient dans sa transmission. Une grande partie de l’énergie utilisée au vignoble ne sert en effet qu’au déplacement. La transmission mécanique est ainsi plus performante que la transmission hydrostatique dans laquelle il y a plus de pertes de charge.

Les paramètres extérieurs
La température ou la pente sont des facteurs fixes mais qui influent sensiblement les consommations enregistrées.

Consommation instantannée ou consommation à l’hectare, quel indicateur ?

Pour les tracteurs les plus récents équipés d’un ordinateur de bord avec indication de la consommation instantanée, la visualisation des litres de carburant consommés par heure est intéressante, mais la seule valeur qui compte finalement est celle de la consommation par hectare pour une opération, qui fait intervenir la vitesse de travail et donc le débit de chantier. Nos essais ont montré que, pour l’entretien du sol en particulier, le débit de chantier est très favorable à l’abaissement de la consommation par hectare. En effet, même si en travaillant plus vite (lorsque cela est possible) on observe une augmentation de la consommation instantanée (en L/h), l’abaissement du temps de travail par hectare permet d’obtenir une consommation par hectare inférieure. La question de la qualité de travail en augmentant la vitesse est posée, surtout pour les opérations délicates comme l’effeuillage par exemple. Le débit de chantier ne dépend pas seulement de la vitesse de travail, mais aussi du nombre de rangs travaillés simultanément et de la proportion de manœuvres dans le travail global (longueur des rangs, enchainements possibles sans marche arrière, etc). Nous avons en effet identifié un pic de consommation dans les manœuvres impliquant une marche arrière, alors qu’elle reste stable dans les enchaînements de rangs à vitesse stabilisée.

Comment la conception, les choix technologiques effectués pour une machine influent-ils la consommation de carburant?

Nous allons prendre l’exemple des pulvérisateurs, des effeuilleuses et des outils de désherbage mécanique.

Comparaison entre pulvérisateur pneumatique et à jet porté

Nos relevés indiquent une consommation horaire supérieure de 7 % en moyenne pour les appareils pneumatiques. L’écart peut s’élever à 18 % dans le cas le plus favorable, quand les appareils ne sont pas utilisés au maximum de leurs capacités, par exemple en début de saison. Mais la différence est beaucoup plus faible dans le cas d’une utilisation à pleine charge, c’est-à-dire avec la turbine à vitesse maximum et en mode de prise de force normal (1,5 %).

Comparaisons d’effeuilleuses

Nos essais ont permis d’obtenir un classement entre les effeuilleuses testées : pour une face effeuillée, la plus économe en énergie est la machine à pales-couteaux (4,6 L/ha) devant la machine pneumatique (6,4 L/ha) et celle à soufflerie et barre de coupe (9,3 L/ha). Pour l’effeuillage de deux faces simultanément, la machine pneumatique est la plus gourmande, de loin avec 15,7 L/ha, alors que la technologie à soufflerie et barre de coupe n’est presque pas affectée par la mise en route du deuxième module.

Désherbage mécanique: simplicité et vitesse pour baisser les consommations

Le désherbage mécanique sous le rang peut être effectué avec différents types d’outils, sollicitant plus ou moins d’hydraulique, et autorisant des vitesses de travail très différentes. Notre classement pour cette catégorie est le suivant : le matériel le plus gourmand est l’intercep rotatif, pénalisé par une faible vitesse d’avancement et l’utilisation de l’hydraulique fournie par une centrale branchée sur la prise de force : 12 L/ha. Vient ensuite la lame bineuse dont l’effacement est animé par l’hydraulique du tracteur et dont la vitesse d’avancement ne dépasse pas 3 km/h : 8,3 L/ha.Enfin, on trouve deux appareils ditspassifs dont la demande énergétique vient uniquement de la résistance à l’avancement rencontrée dans le sol : le disque « ecocep » avec 3,8 L/ha et l’étoile de binage avec 2,2 L/ha, favorisée par une vitesse de travail très importante (7 km/h). Attention, le travail réalisé par chacun de ces outil n’est pas le même, la consommation énergétique ne doit pas être le seul critère de sélection de l’outil.

Quel est l’intérêt du mode ECO de la prise de force ?

Le mode ECO de la prise de force consiste en une démultiplication supplémentaire qui permet de travailler à un régime moteur inférieur pour un régime de prise de force identique. Il est utile d’utiliser ce mode lorsque l’outil attelé n’a pas besoin de toute la puissance. Dans les relevés que nous avons pu effectuer, l’économie de carburant atteint 30 % en moyenne, lorsque l’on utilise un tracteur avec une certaine réserve de puissance disponible. Les consommations moyennes sont ainsi plus faibles avec un tracteur puissant utilisé à bas régime, alors que sans utiliser le mode économique, ce même tracteur consommera plus qu’un tracteur avec moins de réserve de puissance. exploitations disposant d’un parcellaire regroupé seront donc plus faciles à équiper d’un robot. Il est probable que, le tracteur de l’exploitation n’étant pas totalement abandonné, on assiste à une répartition des tâches entre robot et tracteur définie par l’accessibilité des parcelles, et autorisant une redistribution du temps de travail.

Combiner les opérations, une bonne idée pour réduire la consommation de carburant?

Un seul passage, deux interventions. Dans cette configuration, la consommation combinée est plus importante que la plus élevée avec un seul des matériels, mais inférieure à la somme des deux. Par exemple, la tondeuse seule consomme autour de 5,5 L/ha avec une vitesse de travail comprise entre 5 et 6 km/h. L’épampreuse mécanique consomme 7,8 L/ha à 2,5 km/h. La combinaison de ces deux matériels, qui implique d’utiliser la tondeuse à la vitesse de travail de l’épampreuse, consomme 10 L/ha, contre 13,3 L/ha si les opérations sont dissociées. L’intérêt est d’autant plus élevé que les vitesses de travail des deux machines utilisées simultanément sont proches

Quel est l’impact des réglages?

L’utilisation de réglages appropriés permet dans certains cas d’optimiser à la fois le travail réalisé et la demande en énergie. Avec les pulvérisateurs, nous avons pu mesurer que l’utilisation d’une vitesse d’air moins importante à la sortie de la turbine, en début de saison par exemple, est un facteur d’économie non négligeable. Le gain est de 27 % pour un appareil à jet porté, contre 18 % pour un pneumatique. Pour le travail du sol, une profondeur correspondant aux objectifs attendus est essentielle : entre un travail de désherbage plutôt superficiel et un travail d’ameublissement plus profond, la différence de carburant consommé à vitesse équivalente atteint 50 %.

Quelles sont les solutions développées chez les constructeurs en matière de gestion de l’énergie?

Plusieurs solutions sont à mettre en avant, du côté des constructeurs de machines à vendanger qui utilisent une transmission hydrostatique pour l’avancement et dont les organes sont actionnés par l’hydraulique. Le besoin de chaque actionneur (tête de récolte, bennes, direction, etc.) est évalué en fonction de chaque phase de travail et le régime moteur est adapté en fonction de ce besoin afin de fonctionner à son optimum. Les gains les plus importants avec ces solutions se situent dans des chantiers très fractionnés, car plus les parcelles sont grandes et homogènes, plus le temps de travail effectif à pleine charge est important.

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