LE RÉGLAGE DU MATÉRIEL DE PULVÉRISATION

Le réglage du pulvérisateur permet d’optimiser la qualité de l’application et de minimiser les impacts sur l’environnement.

Quels contrôles réaliser sur un pulvérisateur en début de campagne ?

Le réglage du pulvérisateur s’effectue sur du matériel en bon état. Il faut ainsi vérifier à chaque début de campagne :

  • la présence des dispositifs de sécurité sur les transmissions et les ventilateurs
  • l’étanchéité des circuits (tuyauteries, filtres, système anti-goutte)
  • la suffisance du niveau d’huile dans les pompes
  • le bon état de la cloche à air
  • la tension correcte des courroies
  • le bon fonctionnement du manomètre
  • et l’état des buses, du porte-buses (jet projeté), l’état des déflecteurs et la propreté des pales (jet porté) et l’état des canons et des mains (pneumatique)

Comment calculer le volume de bouillie appliqué à l’hectare ?

Le calcul du volume de bouillie appliqué à l’hectare s’effectue à partir de la connaissance de 3 paramètres de réglage du pulvérisateur qui sont la vitesse d’avancement, la largeur traitée et le débit de l’appareil. Chacun de ces paramètres doit être positionné dans une plage de valeur recommandée en fonction du type et de la technologie du pulvérisateur.

La formule de calcul du volume de bouillie appliqué à l’hectare et valable pour tous les pulvérisateurs est la suivante :

volume/ha (l/ha)= débit (l/min)x 600 / (largeur traitée (m) x vitesse d’avancement (km/h))

En couverture générale, les volumes de bouillie par hectare sont de :

  • 250 à 500l/ha pour le jet projeté
  • 120 à 300l/ha pour le jet porté
  • 100 à 180l/ha pour le pneumatique

Comment mesurer la vitesse d’avancement et quelle vitesse rechercher ?

La mesure de la vitesse d’avancement permet de vérifier la fiabilité du compteur et est nécessaire car la chaîne cinématique et les dimensions des roues du tracteur peuvent être différentes de celles figurant sur les données techniques. Cette mesure doit être réalisée dans les conditions réelles d’application, c’est à dire à la vigne avec l’assistance d’air enclenchée. Le chronométrage doit être réalisé sur une distance d’au moins 50 mètres avec un matériel lancé. Le régime moteur doit assurer une rotation de prise de force à 540 tours/minute ou un entrainement du ventilateur à sa vitesse nominale dans le cas d’une prise directe hydraulique. Pour permettre une bonne qualité d’application, la vitesse maximale d’avancement ne doit pas excéder 5,5 km/h, ce maximum étant ramené à 3,5 km/h dans le cas de canons oscillants.

vitesse (km/h) = distance (m) x 3,6 / temps (s)

Quelle est la largeur traitée ?

La largeur traitée dépend bien entendu de l’appareil utilisé. Dans tous les cas, la largeur traitée correspond au nombre de rangs par passage multipliée par l’écartement entre rangs. Par exemple, pour un traitement face par face tous les 3 rangs dans des vignes à 2,20 m, la largeur traitée est de 6,60 m.

Comment mesurer le débit de pulvérisation et quel débit rechercher ?

Le débit doit être vérifié en début de campagne et chaque fois que les buses ou les pastilles sont changées. Il existe 2 méthodes de mesure du débit (en l/min) :

  • mesure du débit de chaque buse ou de chaque diffuseur. C’est la méthode recommandée car elle permet de détecter d’éventuels défauts d’homogénéité de débit. On met en route le pulvérisateur à une pression choisie et on mesure pour chaque buse les quantités d’eau écoulée pendant un temps donné (min) avec une éprouvette graduée, ou un comparateur de débit à lecture directe
  • mesure du débit global avec départ cuve et circuit plein lorsque la méthode précédente n’est pas possible (ventilateur non débrayable, pulvérisateur pneumatique ancien)

Débit (l /mn) = Volume mesuré (l) / temps de mesure (min)

Le débit est fonction de la section (calibre des pastilles) et de la pression de pulvérisation. En général la pression de pulvérisation varie de 12 à 18 bars, en jet projeté avec des buses à turbulences classiques ; de 8 à 15 bars, en jet porté et de 1,5 à 5 bars en pulvérisation pneumatique.

Comment vérifier à la vigne la pertinence du réglage du pulvérisateur ?

Le meilleur moyen de vérifier la pertinence du réglage et la qualité de la pulvérisation, consiste à réaliser une estimation visuelle en utilisant du papier hydrosensible. Le contact de ce papier avec l’eau entraîne l’apparition d’une couleur bleue et il doit être manipulé avec précaution (gants secs, stockés dans une enveloppe à l’abri de l’humidité). La simulation se réalise à l’eau claire et pour avoir un bon aperçu de la qualité de la pulvérisation, il est nécessaire de piéger 5 ceps par rang. Sur un cep concerné, les piégeages sont réalisés sur les 2 côtés du rang et sur plusieurs étages de végétation. Les tickets sont agrafés par paires sur une feuille de vigne, l’un sur la face supérieure, l’autre sur la face inférieure. A l’examen des tickets, la densité d’impact doit être bonne sans pour autant être excessive (lessivage).

Pas assez d’impacts
Bonne pulvérisation
Trop d’impacts

Une méthode plus simple consiste à utiliser une plaque de fer rouillée (PFR) de la hauteur de la végétation, exposée au soleil. La pulvérisation d’eau brunit temporairement la PFR, qui sèche d’autant plus vite là où la pulvérisation est la moins dense. Cela permet donc de visualiser la répartition quantitative de la pulvérisation dans les différents étages du feuillage, et de procéder à d’éventuels ajustements.

Quelle est la nouvelle réglementation concernant les pulvérisateurs ?

  • depuis le 1er janvier 2021, il est obligatoire de faire contrôler tous les 3 ans son pulvérisateur de la même manière qu’une automobile doit passer un contrôle technique. Le premier contrôle doit être réalisé 5 ans après la date d’achat dans le cas de matériel neuf. A l’issue de ce contrôle une vignette est délivrée et dans le cas d’un refus, l’exploitant dispose de 4 mois pour réaliser les réparations
  • l’orifice de remplissage doit être à moins de 1,5 m du sol ou d’une plate forme, le cas échéant un incorporateur de produits doit être utilisé
  • le diamètre de l’orifice de remplissage doit être au moins de 30 cm de large
  • si le tracteur est équipé de cabine, les conduites de bouillie ne doivent pas y passer. S’il ne l’est pas les conduites doivent être équipées de protecteurs protégeant l’opérateur en cas de fuite
  • une cuve de 15 L d’eau doit être installée sur le tracteur
  • l’appareil doit être stable au remisage
  • lors de la vidange de la cuve, l’opérateur doit être protégé de tous contacts avec la bouillie
  • la pression de service admissible doit être inscrite en rouge sur le manomètre. Le circuit doit être équipé d’une soupape empêchant la pression de dépasser de plus de 20% la pression admissible
  • les jets doivent être équipés d’anti-goutte. A leur coupure, il ne doit pas s’écouler plus de 2 ml de bouillie par buse
  • le volume global de la cuve doit être supérieur de 5 % au volume nominal de la cuve
  • le manomètre doit être lisible depuis le poste de conduite et doit avoir un diamètre d’au moins 63 mm s’il est à proximité de la cabine sinon il sera de 100 mm
  • les dispositifs de remplissage installés directement sur la cuve ne doivent pas permettre un retour de bouillie dans le réseau

Quelle particularité avec un appareil à panneaux récupérateurs ?

Les pulvérisateurs à panneaux récupérateurs présentent l’avantage de limiter fortement les pertes dans l’environnement par le confinement du brouillard de traitement. Par construction, leur largeur de traitement est fixe alors que les appareils pneumatiques mains-canons par exemple peuvent être utilisés tous les 2 à 4 rangs, au détriment de la qualité d’application. Ce qui change en fonction du stade de développement de la vigne, c’est le volume réellement appliqué par ha, qui dépend du taux de récupération. Le volume de traitement doit cependant être raisonné comme sur les autres appareils, en fonction des débits de chaque diffuseur. La fermeture des diffuseurs supérieurs en début de saison ainsi que le taux de récupération plus important avec peu de végétation peut ainsi ramener le volume réellement appliqué à l’hectare autour de 30 L/ha pour un réglage initial de 150 L/ha « en plein ». La question qui se pose est donc la quantité de bouillie à préparer au fur et à mesure de la croissance de la vigne, pour éviter les reliquats trop importants en fin de traitement. Il faut donc avoir une idée des taux de récupération aux stades clés pour la protection : 70 % en début de saison, 50 % à floraison, puis 10 à 20 % en pleine végétation, en fonction de la vigueur de la vigne et de l’épaisseur de la haie foliaire. Attention, ces taux sont seulement indicatifs et variables d’un cas à un autre, seule l’expérience individuelle permet d’établir des taux correspondant à son vignoble. Les consoles de réglage des appareils fournissent en général cette information.

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