L’ÉCLAIRCISSAGE PHYSIOLOGIQUE

Si les opérations de conduite du vignoble, (nombre d’yeux laissés à la taille, fertilisation…) n’ont pas été suffisantes pour contrôler les rendements, il peut être nécessaire d’effectuer un éclaircissage des grappes. Le coût d’un éclaircissage manuel reste très élevé, et l’éclaircissage physiologique, moins onéreux mais plus technique est une alternative qui reste aujourd’hui peu utilisée.

L’éclaircissage physiologique : comment ça marche ?

La spécialité commerciale utilisée pour réaliser l’éclaircissage physiologique est le Sierra®, seule substance de croissance actuellement homologuée sur vigne pour cet usage et s’utilisant à 2l/ha. Le Sierra® contient 180 g/l d’éthéphon. L’application de Sierra® provoque l’augmentation de la concentration en éthylène dans la plante et accélère les phénomènes d’abscission à proximité des points d’impact de la bouillie.  Pulvérisé sur grappes, autour de la nouaison, le Sierra® présente l’avantage de pouvoir réduire le nombre de grappes et/ou le nombre de baies par grappe en modifiant le niveau de nouaison des grappes.

Comment mettre en oeuvre l’éclaircissage physiologique ?

Pour obtenir un résultat satisfaisant, l’éclaircissage exige une démarche méthodique dans sa mise en oeuvre. Il est réalisé après nouaison et donc après la coulure physiologique de la période post-floraison qui peut être plus ou moins marquée en fonction des cépages. Les points clés de cette démarche sont : évaluer, choisir, réaliser.

Comment évaluer la récolte potentielle ?

Cette évaluation reste un paramère obligatoire et le seul qui permette de définir le niveau d’éclaircissage nécessaire pour un objectif de rendement souhaité. Elle est calculée à partir du nombre de grappes présentes sur les ceps à l’approche de la floraison et de leur poids moyen connu en fonction de mesures recueillies les années précédentes. Il est important de considérer que les écarts de poids de grappes lors de cette estimation de rendement peuvent varier de 10 à 30 % entre deux années consécutives.

Comment choisir le stade d’application du Sierra® ?

Le Sierra® agit en supprimant les grappes les plus jeunes au moment de l’application et en supprimant les baies les plus jeunes à l’intérieur des grappes. Entre le stade « début nouaison » et « fermeture de la grappe », le taux déclaircissage régresse. A chaque stade de développement de la grappe correspond un Taux d’Eclaircissage Probable (TEP). Sur la vigne, les inflorescences se trouvent simultanément à des stades différents, il est nécessaire d’effectuer des relevés de stades phénologiques entre début nouaison (BBCH71; stade 26 selon Eichorn & Lorenz) et fermeture de la grappe (BBCH79; stade 33 Eichorn & Lorenz) afin de déterminer au plus juste la date d’application en fonction du TEP souhaité.

Comment reconnaître les stades BBCH 71 à BBCH 79 et quelle réduction de récolte par stade phénologique ?

BBCH 71

Stade 26 : début nouaison
100% de réduction de récolte

BBCH 71

Stade 27 : nouaison
90% de réduction de récolte

BBCH 73

Stade 29 : baies de la taille d’un grain de plomb
50% de réduction de récolte

BBCH 73

Stade 30 : baies de la taille d’un petit pois
35 % de réduction de récolte

BBCH 73

Stade 31 : baies de la taille d’un gros pois
25% de réduction de récolte

BBCH 77

Stade 32 : début fermeture de la grappe
5% de réduction de récolte

BBCH 79

Stade 33 : fermeture de la grappe
0% de réduction de récolte

Quelles différences entre éclaircissage manuel et physiologique ?

  • l’éclaircissage manuel permet de réduire la récolte en supprimant des grappes, le poids des grappes reste inchangé ou augmente si il est realisé tôt en saison.
  • l’éclaircissage physiologique s’attache à diminuer le poids de chaque grappe, et a peu d’effet sur le nombre de grappes sauf les grapillons
  • si le gain en degré est le même pour les deux techniques, l’éclaircissage physiologique entraine une baisse plus sensible de l’acidité
  • les deux techniques provoquent une légère augmentation, jusqu’à 10% du poids des baies
    au niveau des relations entre objectifs d’éclaircissage souhaité et éclaircissage réellement obtenus, il existe une plus grande variabilité pour l’éclaircissage physiologique selon une étude menée par l’IFV.

Quelle différence en terme de coût ?

L’éclaircissage manuel nécessite 40h/ha de travail, ce qui représente un coût de 600€/ha (environ 15 €/h en main d’oeuvre non qualifiée). L’éclaircissage chimique nécessite 3 comptages de une heure chacun, effectués par une main d’oeuvre qualifiée (environ 19 €/ha). Le coût par hectare lié au passage du tracteur (4-5 km/h, écartement de 2,20 m, pulvérisation localisée de 2 rangs par passage, environ 19 €/ha de main d’oeuvre qualifiée et 13 €/ha d’utilisation du tracteur) est de 29 €. Le prix du Sierra® s’élève à 95 €/ha. Le coût lié à l’amortissement du matériel n’est pas pris en compte car tous les viticulteurs sont équipés d’un système de pulvérisation. Le coût final de l’éclaircissage physiologique s’élève à 181 €/ha soit 3 fois moins cher qu’un éclaircissage manuel.

Quelles sont les autres utilisations possibles du Sierra® ?

Le Sierra® peut être utilisé pour :

  • réaliser l’égrapillonnage, lorsqu’il est pulvérisé entre la fermeture de la grappe et la mi-véraison
  • limiter la végétation lorsqu’il est pulvérisé entre fermeture de la grappe et la mi-véraison selon une étude menée par l’IFV
  • améliorer la coloration pour les cépages rouges utilisé à la mi-véraison

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