LES LAMBRUSQUES

Vitis vinifera ssp sylvestris (ou silvestris). La vigne sauvage, appellée couramment lambrusque, est le plus proche parent de la vigne cultivée. Il s’agit d’une plante rare et aujourd’hui menacée en France et en Europe.

Que sont les lambrusques ?

La sous-espèce Vitis vinifera ssp. sylvestris (du latin silva, forêt ou arbre, qui rappelle son habitat naturel et sa proximité avec les arbres sur lesquels elle se développe) désigne le taxon sauvage de Vitis vinifera, à partir duquel la sélection humaine a abouti aux innombrables cépages qui en composent le compartiment cultivé (Vitis vinifera ssp. sativa). Depuis l’étape primordiale de la domestication, qui a probablement eu lieu il y a environ huit millénaires, conjointement en Transcaucasie (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan) et dans la zone du Croissant Fertile (Moyen Orient), l’homme a exercé une très forte pression de sélection sur ce végétal. Ce processus a progressivement et profondément fait diverger les variétés cultivées de leurs lointains ancêtres sauvages, ce qui a amené les botanistes à scinder l’espèce en deux taxons distincts.

Décimées par l’évolution de leur habitat et l’introduction de maladies et parasites en provenance du continent américain, les lambrusques ne subsistent plus aujourd’hui que dans certains milieux (berges isolées, lisières ou clairières de forêts, zones peu exploitées). Les peuplements sont souvent groupés au sein de stations botaniques ou unités topographiques assez restreintes. Les lambrusques sont des végétaux rares et officiellement protégés en France.

Lambrusques photographiées dans la forêt de la Grésigne (81)

Quelles sont les principales caractéristiques des lambrusques ?

Une lambrusque est une liane ligneuse, grimpant dans les arbres et pouvant parfois atteindre 30 à 40 m de longueur avant de s’étaler sur la canopée. Quand elle est jeune, elle rampe sur le sol jusqu’à atteindre un arbuste sur lequel se fixer, puis grandit avec lui. En effet, à la différence de Parthenocissus tricuspidata ou P. quinquefolia (vitacées respectivement originaires d’Asie et d’Amérique du nord utilisées à des fins décoratives et couramment appelées « vignes vierges »), Vitis vinifera ne possède pas de crampons ou ventouses au bout de ses vrilles pour s’accrocher directement aux troncs des arbres adultes. Un même pied originel peut avoir plusieurs troncs sur des arbres distincts, en fonction des arbrisseaux sur lesquels ses rameaux ont pu d’accrocher lors de leur croissance au sol. Une lambrusque peut vivre parfois plus de 100 ans, et l’âge de son tronc est sensiblement équivalent à celui de l’arbre qui la porte. Pour certains individus exceptionnels (Italie, Grèce), des âges de plus de 1000 ans ont pu être avancés, sans qu’il soit toutefois possible de le vérifier avec certitude.

Les préférences écologiques des lambrusques vont vers les terrains frais et humides, sans exigence édaphique particulière. On les trouve jusqu’à 1000 mètres d’altitude, même si certains peuplements ont été signalés jusqu’à 2000 m en Azerbaïdjan.
Elles colonisent essentiellement les lisières forestières. Leurs arbres supports sont variés, mais on n’en observe quasiment pas sur conifères, à croissance souvent trop rapide et aux peuplements denses laissant passer trop peu de lumière.

Il s’agit d’une plante dioïque, avec des individus mâles portant des fleurs à l’ovaire atrophié, et des individus femelles avec des étamines stériles. Il existe dans la nature un très faible pourcentage de pieds hermaphrodites (mutation à partir de l’allèle mâle), vraisemblablement préférentiellement sélectionnés par l’homme lors de la domestication. Les grappes, portées par les individus femelles, sont petites (10 cm environ) et composées d’un nombre réduit de baies. Ces dernières mesurent 6 mm environ, et sont noires ou pourpres, très rarement roses ou blanchâtres. Dans un peuplement actuel, les lambrusques survivent et s’étendent principalement par reproduction végétative (marcottage naturel), les graines n’intervenant aujourd’hui que rarement dans la dissémination de cette plante. Très peu de jeunes semis sont en effet observés dans la nature, probablement sous l’effet conjoint de plusieurs facteurs :

  • beaucoup de stations sont composées d’un nombre très restreint d’individus, ce qui réduit les chances de fécondation,
  • un phénomène de consanguinité sur les petites populations est susceptible de réduire fortement le taux de germination des pépins et de viabilité des semis
  • de nombreux parasites dont le mildiou (très virulent dans l’humidité au ras du sol, sur une jeune végétation), ainsi que des prédateurs qui s’en nourrissent, laissent peu de chances à des plantules d’atteindre l’âge adulte.

En quoi diffèrent-elles des cépages cultivés ?

On désigne sous le nom de syndrome de domestication un ensemble de traits morphologiques, physiologiques et comportementaux héréditaires observables sur les formes cultivées domestiquées, mais absents chez leurs variantes sauvages. Concernant la vigne, la sélection appliquée pour satisfaire les besoins des hommes a profondément modifié de nombreux caractères fondamentaux, et conféré à ce végétal des aptitudes améliorant sa production en quantité et en qualité(s) et facilitant sa mise en culture :

  • Passage de la diécie (sexes séparés) chez les lambrusques à l’hermaphrodisme. Il s’agit d’un trait majeur, qui, associé à l’autogamie, permet d’assurer une régularité de production. La partie femelle (ovaire) de la fleur est ainsi susceptible d’être fécondée par un pollen émis par les étamines de la même fleur, d’une fleur située sur la même inflorescence ou sur la même souche, ce qui augmente fortement les chances de succès de la fécondation, qui ne dépend plus d’un pollen émis par une autre plante, et transporté de façon aléatoire par le vent (plante anémogame)
  • Homogénéisation des stades phénologiques au sein d’une même grappe et d’une même souche, en particulier la floraison. On constate en effet sur les inflorescences puis sur les grappes des lambrusques de fortes disparités de développement. Ce trait est interprété comme une adaptation à la fécondation croisée, l’étalement de la période de réceptivité des fleurs femelles augmentant les chances de fécondation par un pollen apporté par le vent.
  • Augmentation notable du nombre de baies par grappe, et de la taille des baies
  • Diversification de la couleur de la pellicule des baies, quasiment exclusivement noire chez les lambrusques, et hautement diversifiée chez les variétés cultivées.

De nombreux autres caractères n’affectant pas directement la fructification permettent également de différencier les deux sous-espèces : taille et forme des feuilles adultes, des pépins, nombre de ramifications secondaires, diamètre des rameaux, port de la végétation, nombre et position des inflorescences, …L’extension de la culture de la vigne au cours des siècles à partir de ses centre de domestication primaires, puis secondaires à proximité des zones de culture, a également permis de faire naître une diversité considérable d’adaptations potentielles à de nombreux usages et conditions pédoclimatiques : étalement dans les deux sens du cycle phénologique, tolérance à la sécheresse ou à d’autres stress, spécialisations entre raisins de table et de cuve, diversité de formes et de goûts…

En conditions culturales identiques à celles d’une variété sélectionnée, par exemple dans un conservatoire, les lambrusques se caractérisent généralement par un port extrêmement retombant, des rameaux très fins, des troncs dont le diamètre grossit très lentement, et des feuilles souvent simples et de petite taille. Elles montrent également la même sensibilité aux maladies que les cépages cultivés, particulièrement au mildiou.

Avec quoi peut-on confondre une lambrusque ?

A première vue, les lambrusques vraies peuvent se confondre avec toutes sortes de vignes qui se développent en milieu naturel (repousses ou semis de porte-greffes, variétés diverses ensauvagées, …). Génétiquement (et, le plus souvent, morphologiquement), elles s’avèrent très différentes, sauf pour le cas de certains pieds métis issus d’une fécondation croisée entre une lambrusque et une variété cultivée (assez couramment rencontrés à proximité d’aires de culture). On parle dans ce cas de pollution génétique du compartiment sauvage par le compartiment cultivé.

Louis Levadoux (1956) a établi une typologie complète des vignes sauvages que l’on peut rencontrer en milieu non cultivé, qui est toujours largement reprise aujourd’hui. En particulier, on y trouve des individus issus d’anciennes parcelles ou treilles abandonnées et qui se sont reproduits par multiplication végétative (lambrusques postculturales,) ou sexuée (lambrusques subspontanées, issues de semis). Des porte-greffes ou des hybrides interspécifiques retournés à l’état naturel sont également des sources de confusion (cas fréquent, en raison de leur tolérance aux maladies, qui leur permet de se développer plus vigoureusement).

D’un point de vue morphologique, les lambrusques se caractérisent par une feuille le plus souvent entière ou peu découpée, présentant 1 à 3 lobes et un nombre important de dents courtes, un sinus pétiolaire généralement ouvert à très ouvert. Il existe une grande diversité de formes des limbes chez les lambrusques comme le témoigne la photo ci-contre (échantillons prélevés sur une même station du Tarn).

Les pieds femelles portent des petites grappes avec des baies de très petite taille, noires dans leur immense majorité, ayant une pellicule épaisse et une acidité marquée. Des différences peuvent aussi être constatées sur la morphologie des pépins (plus ronds et à bec court). Cette distinction avec les cépages cultivés (pépins allongés à bec long) permet entre autres de distinguer les formes sauvages des variétés sélectionnées dans les dépôts archéologiques, et d’en tirer des enseignements sur l’utilisation des deux compartiments par l’homme au cours du temps et dans les régions historiques de culture.

Les analyses génétiques développées depuis la fin des années 1990 sur vigne (marqueurs microsatellites en particulier) permettent de différencier lambrusques et vignes cultivées (les valeurs de certains marqueurs sont spécifiques des lambrusques véritables). Elles permettent aussi de mettre en évidence la forte érosion génétique subie par ces populations, les individus d’une même station s’avérant fréquemment très proches les uns des autres. Par contre, dans le cas général, peu d’informations en découlent quant à la contribution génétique des populations locales de lambrusques à l’assortiment variétal autochtone d’une région viticole. Les pollinisations éventuelles entre lambrusques et variétés déjà sélectionnées, et les croisements qui auraient pu en résulter sont probablement très anciens, et les populations relictuelles de lambrusques généralement trop faibles et trop peu diversifiées pour autoriser des études génétiques de grande portée.

Pourquoi les lambrusques sont-elles menacées ?

Un pied détruit par un débroussaillage (Gers, 2017)

Durant les périodes glaciaires, les populations de vignes sauvages se sont repliées dans des zones refuges méridionales où elles se sont différenciées, et à partir desquelles elles ont recolonisé les régions plus septentrionales lors des périodes ultérieures de réchauffement. Elles ont ensuite subi un long déclin irréversible, sous les coups de la déforestation intense du Moyen-Âge, qui a vu nombre de forêts primaires laisser la place à l’urbanisation et l’agriculture, puis avec l’exploitation régulière des zones boisées, l’aménagement des cours d’eau, la disparition des haies pérennes, le drainage et la mise en culture de zones humides.

Enfin, les maladies introduites des Etats-Unis au 19ème siècle (mildiou, oïdium, black rot et phylloxéra) ont encore fragilisé, jusqu’à parfois les décimer, les populations qui subsistaient et qui pouvaient localement s’avérer importantes. En effet, contrairement aux idées parfois répandues, les lambrusques ne sont pas résistantes aux maladies cryptogamiques ou aux parasites qui s’attaquent en masse au compartiment cultivé. En particulier, aucune tolérance au phylloxéra n’a jamais été trouvée malgré les nombreuses observations et tests effectués par l’INRA. Cette sensibilité est d’ailleurs relatée dans l’abondante littérature produite sur ce ravageur, où l’on trouve des mentions de peuplements de lambrusques ravagés par le phylloxéra en même temps que les vignes cultivées avoisinantes.

En conséquence, Vitis vinifera ssp. sylvestris figure depuis 1995 sur la liste des espèces végétales protégées sur l’ensemble du territoire français métropolitain. De nos jours, il n’est cependant pas rare de constater des destructions d’origine humaine par méconnaissance lors de travaux divers (abattage d’arbres, épareuses en bords de route, aménagements de chemins forestiers, défrichages…)

Où sont localisées les principales stations de lambrusques ?

L’aire naturelle de répartition des lambrusques est longtemps restée mal connue, car elles ont souvent été ignorées ou confondues avec des variétés échappées de culture (ou leurs semis), y compris dans les flores, les herbiers ou les atlas botaniques.

En revanche, depuis le début des années 2 000, de très nombreux travaux ont permis de préciser leur répartition en France et ailleurs dans leur aire naturelle de répartition. Des lambrusques autochtones, même si elles sont parfois très peu représentées, ont été recensées dans les pays suivants (la liste n’est probablement pas exhaustive) :

  • Afrique du Nord : Algérie, Maroc, Tunisie,
  • Europe occidentale : France, Espagne, Portugal, Suisse, Italie continentale,
  • Europe centrale : Autriche, Tchécoslovaquie, Allemagne, Hongrie, Croatie, Slovénie, Ukraine,
  • Iles méditerranéennes : Corse, Chypre, Sicile, Sardaigne,
  • Europe de l’est : Grèce, Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Daguestan, Turkménistan, Moldavie, Russie (Crimée), Albanie, Bosnie, Monténégro, Serbie, Bulgarie, Roumanie, Macédoine,
  • Moyen-Orient / Asie centrale : Iran, Iraq, Israël, Syrie, Turquie, Ouzbékistan,

La distribution géographique contemporaine des lambrusques, qui peut être considérée comme le résultat combiné de l’influence des périodes climatiques incluant les glaciations et des actions humaines, comprend donc l’ensemble du pourtour méditerranéen et de la Mer Noire, jusqu’aux frontières de l’Afghanistan à l’est et aux rives du Rhin au nord.

En France, les premiers recensements d’envergure ont été effectués en 2000 et 2001 par l’INRA, et ont abouti à une publication majeure en 2003 (T. Lacombe et al.). Les populations les plus importantes alors localisées se situaient en Corse, dans le Languedoc-Roussillon, dans le Pays Basque (et, plus largement, dans les zones pyrénéennes) et en Midi-Pyrénées.

Depuis, des découvertes significatives ont eu lieu notamment dans les Charentes, en Haute-Garonne (Comminges, le plus important peuplement connu dans le bassin Sud-Ouest), en Franche-Comté, dans le Gers, l’Hérault, les Bouches-du-Rhône et dans de nombreuses autres régions, concernant parfois des populations très importantes et jusqu’ici insoupçonnées. Il faut y ajouter de multiples pieds isolés (bords de ruisseaux, haies anciennes, fossés humides, …) épisodiquement repérés. Dans de certains cas récents, c’est l’implication forte de l’Office National des Forêts (ONF) depuis 2014, qui a permis de recenser des peuplements, et de mettre en place des actions d’étude et de préservation in situ de ces végétaux fragiles.

On peut aussi signaler en particulier un travail exceptionnel de prospection réalisé autour du massif jurassien (André et al., 2017), qui a permis de recenser et caractériser plus de 1300 individus, principalement en Franche-Comté.

De manière générale, l’ensemble des travaux récents et la richesse des peuplements identifiés soulignent l’état de méconnaissance antérieur de la situation de ces végétaux sur notre territoire, et laisse espérer de nouvelles avancées dans un futur proche.

Une souche spectaculaire en bordure de peupleraie (Gers, 2016)

Quels sont les travaux de conservation des lambrusques réalisés par l’IFV Sud-Ouest ?

Au niveau national et international, c’est l’INRA de Marseillan (Domaine de Vassal) qui conserve environ 400 spécimens de lambrusques, en provenance de nombreux pays. Il est impossible de rentrer en collection la totalité des individus retrouvés, c’est pourquoi la stratégie de conservation s’est orientée vers un échantillonnage par région ou grande station selon les cas. Au fil des découvertes, ce sont donc annuellement un certain nombre de génotypes qui sont introduits dans la collection nationale pour y être conservés ex situ.

Régionalement, le sud-ouest de la France s’avère riche en stations de lambrusques. Par exemple, la forêt de la Grésigne (Tarn) et ses alentours ont été depuis longtemps reconnus comme un refuge pour ces végétaux ; dès les années 1970, des ampélographes de l’INRA de Bordeaux (MM. Rives et Doazan, Mme Ottenwaelter) avaient prospecté divers sites de ce massif et collecté des échantillons, conservés dans les collections parmi de nombreuses autres lambrusques, notamment pyrénéennes. Depuis, de nombreuses autres stations ont été répertoriées dans le Tarn, dans des zones proches de la forêt de la Grésigne (pays Cordais, bords de la rivière Aveyron). De façon épisodique, ou lors de prospections spécifiques, l’IFV Sud-Ouest a recensé des lambrusques dans les départements de la Haute-Garonne, de l’Aveyron, du Tarn-et-Garonne, de l’Ariège, du Lot, du Gers, du Lot-et-Garonne.

Afin de préserver ce patrimoine unique et menacé, certaines des origines retrouvées régionalement ont été implantées dans le conservatoire de l’IFV Sud-Ouest, situé sur le Domaine Expérimental Viticole Tarnais. De même, une collection regroupant les individus repérés lors de prospections dans la zone de l’AOP Saint-Mont (Gers) doit voir le jour très prochainement (projet VINN’OLD, collaboration IFV Sud-Ouest et Producteurs de Plaimont), de même qu’un conservatoire de lambrusques tarnaises (union Vinovalie).

La collecte d’échantillons végétaux de lambrusques s’avère très délicate : les souches, qui ne survivent que grâce à leur aptitude à croître sur un arbre, et qui s’élèvent donc progressivement avec lui, sont souvent difficilement accessibles lorsque leur végétation s’étale sur la canopée. Le prélèvement de fragments de bois de l’année en vue d’un greffage, même si l’objectif est la préservation du végétal, se doit de respecter l’intégrité de la souche sans la mettre en danger. C’est pourquoi, il est souvent nécessaire de réaliser des prouesses d’acrobaties à l’aide d’échelles hautes lorsque c’est possible, d’utiliser de longues perches télescopiques, et de décréter certaines lambrusques « imprélevables » faute de pouvoir y accéder. Enfin, les pousses de l’année, issues de ces lianes non taillées et très ramifiées, sont extrêmement fines et souvent imparfaitement aoûtées (du fait, entre autres, d’attaques parasitaires en fin de saison). Leur greffage sur table à la machine en oméga est parfois impossible, et la seule solution est alors de réaliser à la main un greffage en fente simple, pratiqué à l’aide d’outils tels que lames de rasoir ou de cutter. Une autre solution est leur mise en culture franc de pied en serre dans des gros pots, durant un ou deux ans, le temps d’obtenir du bois ayant un diamètre suffisant pour un greffage classique.

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