LES OUTILS INTERCEPS

Le désherbage mécanique sous le rang est une bonne alternative aux désherbants, qui demande du temps et un peu de technicité. Cependant, la diversité des outils est telle qu’une bonne connaissance des possibilités offertes avec chacun d’entre eux est nécessaire pour en tirer la meilleure efficacité.

Quelles sont les caractéristiques des lames bineuses pour le travail du sol intercep ?

Les lames bineuses sont des outils de travail superficiel, plus destinées à un entretien régulier qu’à une première intervention en saison. Constituée d’une lame de 50 à 60 cm de long, qui travaille à quelques cm de profondeur dans le sol, son action est de couper les racines des adventices en place, qui vont ensuite se dessécher. Leur action est efficace pour maîtriser les adventices peu développées. Les vitesses de passage sont relativement élevées et jusqu’à 6 km/h pour les lames munies d’un système d’effacement de la souche efficace. Le désherbage est d’ailleurs souvent plus efficace avec des vitesses de travail importantes dans la mesure où le foisonnement de la terre est accentué, ce qui permet de mieux dissocier les mottes de terre des adventices. L’effet d’éclatement des mottes est d’ailleurs accentué avec les systèmes de fragmentation qu’il est possible de fixer dessus (de type râteau comme sur l’illustration, ou ailettes crenelées). Lorsqu’elles sont montées sur pivot, la pénétration dans le sol est facilitée par la présence d’un coutre ou d’un disque ouvreur qui a aussi pour rôle de stabiliser le châssis. Le déplacement de terre induit par ces outils est faible.

Quelles sont les caractéristiques des outils rotatifs ?

L’entraînement de ces outils est assuré, en règle générale, par l’hydraulique. Les plus petites houes rotatives, à effacement mécanique, peuvent fonctionner sur l’hydraulique du tracteur. Mais si le système d’effacement devant les souches fait également appel à l’hydraulique, la présence d’une centrale hydraulique branchée sur la prise de force du tracteur devient nécessaire. Il existe une multitude d’appareils rotatifs à axe vertical ou horizontal. Ce type d’outil possède en général une bonne capacité de pénétration dans les sols à l’exception des sols déstructurés qui prennent en masse lors de leur assèchement et sous réserve d’une puissance hydraulique suffisante. L’utilisation des outils rotatifs est à proscrire s’il y a trop de cailloux pour l’usure excessive. Attention au déplacement de terre induit par ces machines, qui n’est pas visible immédiatement si l’émottement est trop fin.

Quelles sont les caractéristiques des décavaillonneuses?

Les décavaillonneuses sont des outils destinés à découper une bande de terre pour la retourner. Elles se composent d’un corps de charrue, aux socs et versoirs de forme particulière adaptée au travail à réaliser. Ce corps de charrue est positionné sur un dispositif qui permet l’escamotage au passage des ceps. Il existe également des décavaillonneuses rotatives: un disque horizontal avec un peu d’angle découpe une bande de sol et celle-ci est projetée sur le côté par les pales verticales montées sur l’axe de rotation. Celles à soc sont efficaces sur adventices bien développées mais il existe des risques d’accrochages. Dans tous les cas, les vitesses de passage de ce type d’outil sont très réduites. Les décavaillonneuses peuvent évoluer en présence de pierres. La gestion du déplacement de terre provoqué par ces outils est à prendre en compte dans la stratégie de désherbage mécanique mise en œuvre.

Quelles sont les dernières tendances en matière de désherbage mécanique ?

L’inconvénient principal des outils interceps est la difficulté de réglage et la lenteur d’intervention. Pour répondre à cette problématique, certains constructeurs proposent des outils passifs, demandant très peu d’énergie pour leur utilisation, pouvant être montés entre roues, et employés à vitesse élevée: 7 à 8 km/h. C’est le cas par exemple de l’étoile de binage Kress. Les disques de chaussage utilisés à grande vitesse, projettent la terre de part et d’autre du rang pour désherber grâce au déplacement de terre. Les disques d’émottage, eux, participent au désherbage le long de la ligne des souches et permettent de bien délimiter le rang de l’inter-rang.

Pour les vignerons qui ne souhaitent pas déplacer beaucoup de terre, ou limiter le recours au travail du sol, les outils tels que les brosses polyvalentes herbes – pampres sont une solution intéressante. Le contrôle de la flore adventice sur le cavaillon est meilleur qu’avec la tonte seule et les pampres sont détruits, sans utiliser de dispositif d’effacement complexe. L’usure et les projections sont à surveiller.

Les assistances à la conduite comme les dispositifs d’autocentrage permettent au chauffeur de se concentrer uniquement sur la conduite sans regarder derrière.

Enfin la robotique est une tendance qui s’affirme en matière de désherbage mécanique des vignes, les premiers tests opérés en 2018 étant concluants.

Que faut-il prendre en compte pour l’utilisation de ces différents outils interceps ?

Le choix d’un outil, ou d’un porte-outil qui recevra différents modules doit être guidé par l’itinéraire de désherbage envisagé, et par un certain nombre d’éléments liés à la parcelle:

  • la conformation des ceps dans la parcelle
  • les types d’adventices présents sur la parcelle (vivaces?)
  • La présence de cailloux
  • La hauteur du cavaillon existant
  • Le dévers

Par ailleurs, d’autres éléments doivent être évalués

  • le système d’escamotage (mécanique ou hydraulique), avec assistance au retour pour les sols durs
  • Le besoin d’une centrale hydraulique: avec des houes rotatives et effacement hydraulique, ou si le tracteur ne permet pas d’avoir le débit suffisant sans trop chauffer
  • ce sont des systèmes complémentaires qu’il est intéressant d’alterner au cours de la saison, pour optimiser le désherbage, le temps passé et gérer les déplacements de terre induits, ce qui implique un surcoût au moment de l’investissement
  • le temps nécessaire pour une intervention, qui est le facteur limitant pour un ensemble tracteur-outil-chauffeur

Quels coûts associés au travail du sol intercep ?

Le désherbage mécanique sous le rang est plus coûteux dans sa mise en œuvre que le désherbage chimique. En prenant en compte, le temps de travail (traction et main d’œuvre), l’amortissement et l’entretien du matériel (très variable en fonction des conditions d’utilisation) on peut estimer que, pour 4 interventions annuelles cela revient entre 250 et 400 € par ha. Mais il est vrai que ce coût est essentiellement composé de temps de travail. L’investissement initial est variable. Pour un équipement complet neuf, il faut compter entre 15000 et 20000 €. Le désherbage chimique sous le rang reste aujourd’hui moins coûteux, avec un coût complet autour d’une centaine d’euros par ha.

Quelles études ont été menées par l’IFV Sud-ouest ?

L’IFV Sud-ouest a étudié entre 2006 et 2012 plusieurs itinéraires de désherbage mécanique sous le rang afin d’en observer l’efficacité technique et économique. Plusieurs familles d’outils en utilisation systématique ou raisonnée ont ainsi été évaluées. Sur les 3 parcelles d’étude, le désherbage mécanique sous le rang a engendré une baisse des rendements et de la vigueur de la vigne jusqu’en 2009, par rapport au désherbage chimique sous le rang. Cette baisse, exclusivement liée à une diminution du poids moyen de la grappe, est plus ou moins importante, selon les implantations, l’âge de la vigne et les niveaux de rendement du témoin. En affectant naturellement le réseau racinaire superficiel de la vigne se développant sans contrainte dans le cas du désherbage chimique, le travail du sol a un impact net sur le rendement et la vigueur, sauf pour la parcelle la plus âgée. L’observation des résultats plus dans le détail montre que cette baisse est variable en fonction des outils utilisés, les plus agressifs ayant le plus d’impact. Ce qu’il est intéressant d’observer, c’est que même sur les parcelles les plus atteintes, le rendement retrouve le niveau du témoin en 2 ans après l’année de baisse la plus marquée. Ceci montre la capacité de la vigne à redistribuer son réseau racinaire pour répondre à la perturbation. Malgré les variations de rendement et de vigueur obtenues précédemment, les écarts sur les paramètres oenologiques des raisins semblent limités aux cas extrêmes de chute de rendement, par effet de concentration, avec plus de chaleur et des tanins plus présents.

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