LA MECANISATION DU SEMIS DES ENGRAIS VERTS

Le développement de couverts végétaux de type engrais vert, semés en fin d’été ou à l’automne pour couvrir le sol en hiver et produire de la biomasse au printemps, a pour conséquence l’apparition d’une offre de mécanisation dédiée pour le semis comme pour la destruction.

Quels sont les différents types de semoirs utilisables et les critères de choix ?

La réussite du semis dépend de plusieurs facteurs, comme l’adaptation de la profondeur d’implantation de la graine en fonction de sa taille, les conditions de concurrence au moment du semis (présence d’un autre couvert en semis direct?) et les conditions de levée.

Les semoirs se différencient sur plusieurs points techniques tels que la distribution, la trémie, les possibilités de réglages indépendants de la profondeur de semis, l’ouverture du sol devant le soc semeur, le poids et le prix ! L’orientation vers l’un ou l’autre des semoirs est fonction de l’objectif de travail. Dans le cas d’une préparation de sol avant le semis, il est peu utile de disposer de disques d’ouverture du sol devant les socs semeurs car ils sont plutôt destinés à découper les résidus végétaux pour faciliter le travail. Le choix des espèces à implanter, seules ou en mélange, et la taille des graines concernées peut orienter vers un matériel équipée de plusieurs trémies et d’éléments de semis distincts, ou vers un matériel plus basique. Le semis à la volée derrière une houe rotative est une solution simple et polyvalente.

Voici quelques exemples de semoirs, liste non exhaustive.

Aitchison :

Il s’agit d’un matériel dérivé des semoirs existant pour le semis direct en grandes cultures. Sa principale caractéristique est l’utilisation du soc en T inversé pour déposer la graine et refermer la terre par-dessus. L’entrainement est mécanique avec une roue suiveuse. La distribution est réalisée par un disque en mousse qui permet de respecter le mélange de semences en provenance de la trémie. Le réglage de profondeur est assuré par deux roues de terrage. Les socs sont montés sur dents vibrantes.

Aurensan :

Le semoir Aurensan se distingue par des éléments de semis constitués chacun d’un disque incliné pour découper le couvert et la terre, et d’une roue qui lui est accolée pour le réglage indépendant de la profondeur de semis. L’ensemble est complété de roues inclinées dans le sens inverse au disque pour appuyer chaque ligne de semis. Il existe plusieurs déclinaisons du semoir, avec possibilité de trémies séparées pour éviter les mélanges hétérogènes. La distribution est mécanique, avec roue suiveuse. L’ensemble est lourd.

Gerber :

Le semoir Gerber (Rolofaca)  utilise des disques ondulés pour ouvrir le sol devant les éléments de semis constitués par des socs en T inversés montés sur dents rigides. La distribution est pneumatique, avec des éléments Delimbe. Il est possible de modifier la cannelure de distribution pour s’adapter à des graines de différentes tailles.

Combiné herse rotative semis à la volée :

Ce montage peut être réalisé simplement sur la base d’une herse rotative. Les graines sont projetées à la volée dans la terre travaillée et le rouleau les met en contact. Attention ce type de semoir est utilisable avec les graines les moins exigeantes en termes de profondeur de semis. Pour des féveroles, c’est largement suffisant. Avec des mélanges contenant de toutes petites graines, le résultat risque d’être plus hétérogène.

Quels réglages pour le semoir ?

En dehors de la profondeur de semis, essentielle pour les petites graines, le principal réglage à réaliser concerne la densité de semis : il faut donc connaître le débit de l’appareil, la vitesse de travail (sauf roue suiveuse), la largeur semée, et l’objectif. Pour un semis à 180 kg par hectare (18 g par m² en plein) par exemple, avec une largeur semée de 1 m 10, et une roue suiveuse de 2 m de circonférence, il y a 2,2 m² semés par tour de roue. Il faut donc, lors du réglage, obtenir avec l’ouverture sous la distribution, 396 g de semence pour 10 tours de roue correspondant à 22 m² (22 x 18).  Les ajustements se font en ouvrant plus ou moins les trappes par lesquelles s’écoulent les graines. Dans le cas des appareils à distribution pneumatique, le réglage est un peu différent puisqu’il se rapproche de celui fait avec un appareil de pulvérisation. Le débit s’ajuste avec la vitesse de rotation de la distribution (potentiomètre).

Quel est le surcoût de cette nouvelle pratique d’entretien du sol ?

Il faut distinguer le coût lié à l’investissement matériel, spécifique ou non, le coût lié au temps de  travail supplémentaire (main d’œuvre et traction) et le coût d’achat des semences.

Les semoirs coûtent entre 5000 et 15000 €. Avec des logiques d’achat et d’utilisation en CUMA, le coût du semoir revient environ à 7 € par ha et par an. Le passage mobilise le tracteur et le chauffeur pendant environ 30 min par ha pour un semis un inter-rang sur deux dans des vignes larges. La préparation du sol, le cas échéant, double cette valeur. Le semis, hors achat de semences, représente environ 45 € par ha et par an. Si on y ajoute une valeur moyenne de 40 € de semences par ha, le coût de l’implantation d’un couvert est d’environ 85 €.

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