XYLELLA FASTIDIOSA
Xylella fastidiosa est une bactérie phytopathogène de quarantaine pouvant infecter plus de 300 espèces de plantes et impacter des filières agricoles majeures telles que la vigne, les agrumes, l’amandier, l’olivier, etc. A ce jour, aucun moyen de lutte curative contre cette bactérie n’existe. De ce fait, pour éviter la propagation de la maladie, l’arrachage et la destruction des plantes contaminées et la lutte contre les insectes vecteurs sont indispensables.
Qui est Xylella fastidiosa ?
Xylella fastidiosa Wells et al. 1987 est une bactérie colonisant le xylème de nombreuses plantes et transmise par certains insectes piqueurs-suceurs se nourrissant de la sève brute de celles-ci. En juillet 2018, on dénombrait 563 espèces végétales connues pour être des hôtes de la bactérie. Pour plus de 200 espèces végétales, la contamination par cette bactérie constitue un danger mortel. Les autres hôtes peuvent héberger Xylella fastidiosa sans présenter de symptômes, constituant ainsi un réservoir bactérien invisible, ce qui pose un problème majeur dans l’éradication des foyers.
A ce jour, au moins 6 sous-espèces de Xylella fastidiosa sont décrites : multiplex, pauca, fastidiosa, sandyi, morus, tashke. Chaque sous-espèce peut infecter une gamme d’hôtes plus ou moins étendue et spécifique.
Actuellement, il n’existe pas de moyens curatifs pour lutter contre cette bactérie. La réglementation européenne visant à empêcher l’introduction et la propagation de la bactérie sur le territoire, préconise l’arrachage et la destruction des plants contaminés, ainsi qu’une surveillance renforcée.
La vigne est concernée principalement par la sous-espèce X. fastidiosa fastidiosa, responsable de la Maladie de Pierce. Cette maladie, décrite depuis la fin du XIXème siècle dans le Sud-Ouest des Etats-Unis, a connu plusieurs vagues épidémiques dont la plus violente s’est déclarée dans les années 1990 en Californie. Les vignobles du Texas et de Floride sont également concernés de manière chronique par la maladie. Les coûts engendrés par Xylella fastidiosa sont estimés à plus de 100 millions de dollars par an pour la filière viti-vinicole américaine.
Quels sont les symptômes ?
Les symptômes sont divers et non spécifiques, ils peuvent être répartis de façon non homogène dans la plante, altérer la production de fruits et peuvent être suivis de la mort de la plante dans les cas les plus graves. En fonction des plantes, on peut observer :
- Défaut d’aoûtement et pétioles persistants
- Dessèchement sectoriel du limbe
- Des chloroses foliaires
- Un port tombant et une réduction des entre-nœuds
- Un jaunissement et un rougissement des feuilles
Quels sont les insectes vecteurs ?
Des travaux visant à rechercher et identifier des insectes vecteurs potentiels de X. fastidiosa présents sur la vigne et dans son environnement direct seront poursuivis et progressivement étendus. Les piqueurs-suçeurs des familles Aphrophoridae, Cicadellidae, Cercopidae, Membracidae et Cicadidae sont plus particulièrement ciblés. L’objectif est d’établir a priori la présence des espèces potentiellement vectrices dans les vignobles français afin de disposer d’une liste d’espèces prioritaires pour des tests de transmission de la bactérie sur vigne à destination des partenaires de l’institut et d’anticiper ainsi, pour la filière, la découverte de ceps contaminés par X. fastidiosa subsp. fastidiosa en France.
Quelle est la situation en Europe ?
Depuis 2013, la présence de la bactérie est avérée in natura en Europe. Les premiers foyers ont été découverts sur des oliviers en Italie du Sud (région des Pouilles) avec l’identification de la sous-espèce X. fastidiosa pauca, responsable du dessèchement rapide de l’olivier qui a d’ores-et-déjà entraîné la mort de plus d’un million d’oliviers dans la région.
Depuis, la sous-espèce responsable de la maladie de Pierce sur vigne aux Etats-Unis (X. fastidiosa subsp. fastidiosa) a été découverte en Saxe (Allemagne) sur laurier-rose, dans les îles Baléares (Espagne) sur Prunus sp. et sur vigne. Très récemment, la présence de cette même sous-espèce fastidiosa a été révélée sur amandiers en Israël. Des parcelles d’amandiers infectées par X. fastidiosa subsp. multiplex ont également été découvertes sur la partie continentale de l’Espagne, dans les généralités de Valence et de Madrid, puis en Italie, en Toscane. D’autres espèces végétales, fréquemment rencontrées sur le pourtour méditerranéen sont aussi retrouvées contaminées. Cette même sous-espèce (multiplex) a été identifiée dans le Nord du Portugal, non loin de la région du Douro.
En France, à ce jour, la bactérie est présente dans 2 régions : la Corse et PACA. La sous-espèce observée en Corse est X. fastidiosa multiplex, donc différente de la sous-espèce observée dans la région des Pouilles (X. fastidiosa pauca). Elle s’attaque à certaines espèces ornementales (notamment le polygale à feuilles de myrte, largement répandu en Europe), mais aussi à des espèces sauvages ou endémiques comme le genêt d’Espagne, le ciste de Montpellier, le calicotome velu ou encore l’immortelle de Corse. En PACA, on retrouve à la fois la sous-espèce multiplex et la sous-espèce pauca. En septembre 2019, deux oliviers de PACA ont été découverts contaminés par la sous-espèce pauca de la bactérie, comme dans le sud de l’Italie, ce qui confirme la difficulté à repérer les végétaux atteints, à circonscrire l’expansion de la bactérie et souligne l’importance d’anticiper toute introduction de la bactérie et de ses vecteurs potentiels, notamment pour la sous-espèce fastidiosa, responsable de la maladie de Pierce sur vigne.
Et dans le monde ?
X. fastidiosa est présente dans les Amériques, de l’Argentine à l’Ontario, au Canada. En Iran, elle a été détectée sur vigne, amandier et pistachier. En Asie, la bactérie est présente sur l’île de Taïwan. La zone officiellement déclarée infectée s’étend en 2015 sur près de 200000 ha.