Floraison et fécondation de la vigne

25 Sep 2024

Par Alain Deloire, professeur retraité de l'Institut Agro-Montpellier

Partageons quelques informations sur la fécondation des fleurs de vigne, un préalable à la croissance et au développement des baies.

Les fleurs de vigne sont hermaphrodites, c’est-à-dire que chaque fleur possède à la fois des organes mâles (cinq étamines) et femelles (un pistil).
La fleur de vigne est un pentamère qui comprend (figure 1):


Figure 1 : Morphologie d’une fleur de vigne

Pour qu’une baie se développe normalement, il suffit que l’un des quatre ovules soit fécondé et forme un pépin normal. Cela conduira à la multiplication des cellules de l’ovaire (sous un contrôle hormonal complexe), durant 8 à 12 jours après la fécondation. Après ces étapes initiales, l’augmentation du volume des baies est due au grandissement des cellules.

Dans les cultivars sans pépins, le développement des baies se produit sans fécondation (parthénocarpie) ou avec avortement de l’embryon peu après la fécondation (sténospermocarpie).

La fécondation de la fleur de Vitis vinifera se fait principalement par autopollinisation, sans besoin de vent, d’insectes ou d’abeilles (figure 2). Cependant, la fécondation des raisins muscadins (Vitis rotundifolia) peut également dépendre des insectes et de la pollinisation croisée. Il existe des preuves que la pollinisation croisée peut améliorer le rendement et la qualité de certaines variétés de raisins de table Vitis vinifera.

La pollinisation et la fécondation chez les espèces de Vitis sont très sensibles au climat et à la physiologie/santé de la vigne.

Les photos jointes sont commentées ci-dessous :

(a) La fleur de vigne est un pentamère portant 5 sépales avortés ; 5 pétales qui sont liés et forment le capuchon (calyptra) ; 5 étamines et un ovaire contenant quatre ovules.
(b) Dans la plupart des situations, la fécondation des fleurs se produit avant la déhiscence du capuchon, dépendant principalement des conditions climatiques pendant la floraison.
(c) Lorsque le capuchon tombe, il est possible d’observer les étamines. Celles-ci libèrent le pollen sur le stigmate (partie terminale du pistil). Le grain de pollen germe et un tube pollinique se développe pour féconder (gamète mâle) l’un des quatre ovules à l’intérieur de l’ovaire.
(d) Exemple d’un capuchon en dessiccation encore attaché à l’ovaire qui a commencé à se développer après fécondation.
(e) À l’intérieur de ce capuchon déhiscent, il est possible d’observer des étamines et du pollen.
(f) Exemple de pollen restant sur le stigmate d’un ovaire qui a commencé à se développer en baie.
(g) En générale le capuchon se nécrose et tombent. Parfois les capuchons restent sur la baie en croissance et peuvent aggraver le développement du Botrytis autour de la véraison et de la maturation.
(h) Exemple de nectaires à la base de l’ovaire. Pendant la floraison, il est possible de sentir dans les vignobles le parfum délicat des fleurs de vigne !

Figure 2 : Morphologie d’une fleur de vigne et exemple de fécondation autogame, souvent réalisée sous le capuchon.

 

Bibliographie

Carbonneau A., Torregrosa L., Deloire A., Pellegrino A., Pantin F., Romieu C., Ojeda H., Jaillard B., Métay A., Abbal P., (2020). Traité de la Vigne, Physiologie-Terroir-Culture, Dunod Editeur,  Paris, France, ISBN 978-2-10-079857-5, 689 p.
Petit Précis de Viticulture, tome 1, (2023). Terroir, Implantation et développement de la vigne, Editions France Agricole, ISBN: 978-2-85557-836-1