Le flétrissement des baies de raisin : késako ?
La déshydratation des baies en fin de maturation est un phénomène majeur causé par la perte d’eau des baies par suite d’une altération de leur balance hydrique. Cette altération apparaît quand les flux liés à la transpiration et au reflux potentiel d’eau vers la plante (l’hypothèse du « water back flow) excèdent ceux de l’entrée d’eau dans la baie via le phloème et le xylème. En effet le fonctionnement du xylème (qui transporte l’eau) des baies est ralenti ou interrompu à partir du tout début de la véraison des baies individuelles. Le phloème (qui transporte les sucres) est interrompu au début du plateau de chargement en sucres des baies, soit environ 30 jours après le tout début de la véraison (= ramollissement du fruit).
Le flétrissement des baies peut avoir un impact économique significatif, avec une réduction des rendements ≥25 %, et des conséquences sur la composition des baies et sur le vin qui en résulte.
Le flétrissement des baies peut se produire pré et post véraison !
Plusieurs types de flétrissements des baies sont signalés dans la littérature, listons en trois :
- L’échaudage avant ou après la véraison par excès de soleil au niveau des grappes,
- La déshydratation de fin de saison (DFS ; ou LSD : Late-Season Dehydration en anglais), caractérisée par la mort cellulaire et la perte d’eau des cellules du mésocarpe (pulpe) conduisant à une augmentation de la concentration des sucres solubles totaux (TSS) ;
- La nécrose de la rafle, caractérisée par la présence de tissus nécrotiques au niveau du rachis pouvant atteindre les pédoncules, les « épaules » ou même l’ensemble de la grappe. La nécrose de la rafle peut se produire dès la floraison, ou plus tard après la véraison, avec des effets variables sur la composition du raisin.
Le type de flétrissement le plus commun dans les climats chauds et sec est la « LSD ». Bien que la « LSD » varie d’une saison, d’un lieu et d’un vignoble à l’autre, elle semble s’accélérer dans des conditions de :
- plus fortes températures,
- de déficit de pression de vapeur (VPD) plus important (surtout au niveau du microclimat des grappes d’où l’intérêt appliqué/pratique de l’ombrage de la zone des grappes !),
- de contraintes et/ou stress hydriques
- et d’exposition excessive des grappes au soleil.
La figure jointe montre des exemples de baies flétries au stade de maturation tardive de la variété de raisin Syrah. Le type de flétrissement présenté est de type déshydratation de fin de saison (DFS). Les photos montrent que les pédicelles des baies flétries observées sont intacts (non nécrosés), il en est de même pour la rafle de la grappe. Il s’agit donc bien de perte d’eau par évaporation et/ou retour d’eau (water back flow) de la baie vers les feuilles.
En général, le flétrissement des baies est irréversible, même pour les vignobles irrigués.
Les solutions pratiques possibles:
- Protéger les grappes du soleil (ombrage de la zone des grappes ou ombrage de la vigne)
- Contrôler le « VPD » dans la zone des grappes (par exemple par brumisation d’eau et/ou par ombrage)
- Préparer la vigne en apportant de l’eau (si irrigation) avant et pendant une vague de chaleur
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