Un rappel nécessaire :
- La mise en place des composantes du rendement chez la vigne se déroule sur 2 années consécutives (sauf en climat tropical)
- Le rendement « potentiel » se décide à la taille d’hiver
C’est la différenciation des primordia d’inflorescences (PI) (généralement en moyenne 2 PIs/bourgeon; c’est variable!) dans le futur bourgeon latent qui se forme en année N qui va assurer le « potentiel » de production en année N+1 (figure 1).
Figure 1 : Exemple de section longitudinale au niveau du nœud d’un sarment montrant le bourgeon latent et ses organes formés en année N pour la récolte de l’année N+1.
La différenciation des (PIs) dans les bourgeons en formation à la base des rameaux primaires en croissance (tiges herbacées) nécessite une période d’environ 12 semaines, donc se réalise de débourrement à nouaison. Evidemment il y a un effet cépage, environnement et état physiologique de la vigne.
Le potentiel de rendement pour les tailles courtes (taille en courson à 2 yeux par exemple) est fixé plus tôt dans l’année que pour les tailles longues ; cela dépend de la longueur de la baguette laissée pour les tailles longues (taille Guyot). En effet, la fertilité des bourgeons latents sur un sarment est variable car elle dépend des conditions climatiques & physiologiques mentionnées ci-dessous, et des cépages (et éventuellement de la combinaison cépage x porte-greffe). Autrement dit, la différenciation des bourgeons latents en année N pour la récolte de l’année N+1 sur une tige en développement se fait de façon spatio-temporelle.
La différenciation des PIs en année N va dépendre des facteurs suivants :
- Sommes journalières de températures
- Etat hydrique de la vigne
- Etat minéral et azoté de la vigne
- Eclairement de la canopée (microclimat de la canopée)
- Les réserves carbonées mise en place l’année N-1 sont importantes, sachant que les premières feuilles formées sur le rameau primaire en développement ne deviennent source de carbones que généralement à partir de la floraison de l’année N.
De débourrement à vendange (figure 2), et en parallèle à la différenciation des PIs dans les bourgeons latents du rameau primaire pour la récolte de l’année N+1, les composantes du rendement de l’année N sont mises en place dans le cadre des conditions climatiques et physiologiques de l’année N (Levin et al., 2020 ; Guilpart et al., 2014). En effet pour la récolte de l’année N il faut que les étapes suivantes se déroulent si possible sans problème physiologique et/ou climatique :
- Le développement et la ramification des inflorescences sur le rameau primaire en croissance
- La différenciation des fleurs sur les inflorescences
- La floraison.
- La fécondation qui est généralement autogame chez la vigne et se fait sous le capuchon avant sa déhiscence. Il faut que la future baie développe un pépin normal pour que sa croissance se fasse normalement
- L’étape de multiplication cellulaire des cellules de l’ovaire qui va former la future baie
- La croissance herbacée de la baie (augmentation en volume) qui est due principalement au grandissement cellulaire. Les facteurs principaux du grandissement cellulaire des jeunes baies vertes et de leur augmentation en volume sont principalement l’eau, l’azote, les hormones et le nombre de pépins par baie.
- Après une courte étape de non croissance de la baie herbacée, le fruit enclenche la véraison et la maturation. Le volume du fruit dépend alors de l’état hydrique de la vigne et de l’entrée des sucres d’où l’importance d’une photosynthèse active (Wang et al., 2003)
- La maturation est divisée en deux sous étapes : pré et post plateau du chargement en sucres (Deloire, 2011 & 2013 ; Shahood et al., 2020 ; Antalick et al., 2021).
Figure 2 : La mise en place des composantes du rendement chez la vigne depuis le débourrement jusqu’à la vendange.
Une fois que le nombre de grappes par cep et le nombre de baies par grappes sont fixés, le rendement est alors essentiellement dû au volume des baies. Il faut intégrer dans le raisonnement les possibilités de perte d’eau du fruit post plateau du chargement en sucres des baies qui peuvent conduite à du flétrissement (Savoi et al., 2021 ; Deloire et al., 2021 ; McCarthy & Coombe, 1999).
La production de raisin de l’année en cours dépend donc des facteurs mentionnées ci-dessous:
cépage/porte-greffe, climat-aléas climatiques, état hydrique-minéral-azoté de la vigne, pratiques culturales, fertilisation au sol ou foliaire, irrigation si nécessaire, gestion de la canopée (microclimat des grappes et de la canopée), traitements phytosanitaires pour lutter contre les bio-agresseurs, etc).
Que retenir ?
- la relation rendement & profils aromatiques des vins est flexible et non linéaire (effet dominant du climat x physiologie de la vigne x date de vendange). La relation rendement et qualité des vins est un raisonnement par seuils de rendement pour un terroir donné (point non développé dans cette fiche technique) !
- La gestion des rendements se raisonne par cep (notamment le rapport surface foliaire exposée/charge en raisin : SFE/P), & ensuite par hectare
- Il convient d’avoir de solides bases technico-scientifiques pour faire face aux challenges climatiques actuels et gérer un vignoble et ses pratiques culturales (pérennité et rentabilité des vignobles, rendements et profils aromatiques des vins).
Pour en savoir plus :