BILAN CARBONE® EN VITICULTURE
A l’heure où de nombreux vignobles français planchent sur l’impact écologique de leur vin, voici les notions en jeu derrière la terminologie Bilan Carbone® et quelques résultats issus des études déjà menées par l’IFV.
Quels sont les impacts des gaz à effet de serre sur le réchauffement climatique ?
Sous l’effet des Gaz à Effet de Serre ou GES (CO2, H2O liée à l’évaporation, méthane, protoxyde d’azote, halocarbures, hydrocarbures fluorés et ozone troposphérique), l’atmosphère terrestre se comporte comme la vitre d’une serre, laissant entrer une large part du rayonnement solaire, mais retenant le rayonnement infrarouge réémis. Toutes les activités humaines, dont l’activité de la filière vitivinicole, participent à l’augmentation des concentrations en GES dans l’atmosphère. Cette augmentation «épaissit» la vitre de la serre et est donc à l’origine de l’augmentation des températures, et donc du réchauffement climatique. Il existe une corrélation établie entre l’évolution de la température et la concentration en CO2 dans l’atmosphère. Selon les experts, afin de ne pas atteindre une augmentation de 2°C aux conséquences dévastatrices, il faut absolument stabiliser la concentration du CO2 bien au-dessous de 550 ppm.
Qu’est-ce que la méthode Bilan Carbone® ?
La méthode Bilan Carbone® est une méthode permettant de quantifier la contribution à l’effet de serre d’un individu, d’une collectivité ou d’une entreprise. Outre l’aspect «diagnostic», elle peut également être utilisée comme outil d’aide à la décision en matière d’investissements ou de comparaison d’itinéraires techniques. En revanche, la méthode ne peut en aucun cas, être considérée comme un outil de notation des exploitations, en raison des caractéristiques spécifiques de chacune. Le Bilan Carbone® prend en compte de manière exhaustive l’ensemble des émissions imputables à l’exploitation comme le transport des intrants, la construction des bâtiments, la gestion des déchets et eaux usées et l’amortissement des immobilisations. Au sein d’un programme regroupant 6 filières agroalimentaires (GESSICA), l’IFV a été chargé de réaliser le Bilan Carbone® de 5 domaines vitivinicoles. Le principe de la réalisation d’un Bilan Carbone® repose sur la collecte et la saisie sur un tableur spécifique de données chiffrées, liées à l’activité de l’exploitation sur la durée d’une année jugée représentative de l’activité en termes de production et de ventes.
Quels sont en viticulture oenologie les postes à impact nul à négligeable ?
Une étude réalisée par le Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC) a montré que le CO2 prélevé par la vigne pour la photosynthèse était équilibré par le CO2 restitué par la respiration, la fermentation des moûts, le brûlage ou la dégradation au sol après broyage des bois de taille ainsi que le brûlage des charpentes après arrachage. Les autres postes à impact nul ou presque, au regard des quantités utilisées, sont les suivants :
- le CO2 hors énergie, utilisé pour l’inertage des moûts
- l’utilisation de plastique dont les films étirables
- les levures et produits oenologiques d’origine minérale ou végétale
- le liège pour les bouchons en raison du faible poids et du faible facteur d’émission
- le papier imprimé pour les étiquettes et contre-étiquettes
- les déchets directs
- les eaux usées
Quels sont les postes qui possèdent l’impact environnemental le plus lourd ?
Voici les postes dont l’impact environnemental est le plus lourd :
- le fioul pour la carburation des tracteurs viticoles (de 11 à 21% de la contribution totale suivant les domaines)
- l’utilisation des bouteilles de vin pour le conditionnement (de 17 à 27% de la contribution totale)
- l’utilisation de carton imprimé (jusqu’à 13%)
- le fret routier vers les clients (jusqu’à 20% de contribution sur certains domaines)
- l’électricité (de 1 à 11%). La conception et l’isolation des bâtiments influent très largement sur l’énergie nécessaire à leur climatisation
Comment agir pour améliorer le Bilan Carbone® d’une exploitation viticole ?
Plusieurs voies de réduction peuvent être avancées. Parmi celles-ci :
- la récupération et la valorisation calorifique dans une chaudière à plaquette classique des bois de taille et des charpentes si elles se substituent à la consommation de fioul ou de gaz
- le stockage ou valorisation sous forme de bicarbonate par exemple, du CO2 libéré par les fermentations, qui représente tout de même 0.1% des émissions nationales
- le raisonnement des itinéraires techniques viticoles de manière à alléger les programmes de traitements : moins de produits dont la production est loin d’être neutre en matière de production de gaz à effet de serre, moins de passages et donc moins de fioul
- l’utilisation même partielle de biocarburants comme alternative à la consom-mation de combustibles fossiles
- l’allègement des bouteilles de verre, voire la substitution du verre par d’autres matériaux
- l’utilisation du train à la place de la voiture ou de l’avion pour les déplacements domicile-travail et les déplacements professionnels
- substituer le transport routier des marchandises par le ferroutage par exemple
- privilégier l’utilisation de piquets en bois, plutôt que des piquets en acier galvanisé
- préférer l’azote au dioxyde de carbone pour l’inertage
- limiter les émissions liées aux longs transports de marchandise à l’étranger par exemple
- favoriser le bouchage liège, matériau naturel qui contribue à l’entretien d’une forêt, véritable puits de carbone
CONTACT
Sophie Penavayre, Chargée de projet environnement, développement durable et territoires à l’IFV, pôle Beaujolais
sophie.penavayre@vignevin.com