L’EXCORIOSE

Quel sont les symptômes de l’excoriose sur les rameaux au printemps et en été ?

Sur les vignes atteintes, on peut observer au printemps, 15 jours après le débourrement (sur les 3 premiers entre-noeuds en général) des taches ponctiformes ou allongées de couleur noire. Ces taches vont évoluer en été vers des nécroses brunâtres, des croutes noires ou des lésions étendues, brun-marron présentant des striations perpendiculaires d’aspect liégeux (faciès « tablettes de chocolat »). Dans le cas d’attaques sévères, les feuilles peuvent présenter des taches rondes qui se dessèchent et tombent. Le feuillage prend alors un aspect plombé. Le champignon peut également parfois attaquer les baies. Ce phénomène assez fréquemment observé aux USA est plus rare dans nos vignobles. Les rameaux atteints d’excoriose fragilisés peuvent casser, ce qui peut provoquer d’importantes pertes de récolte, notamment sur les tailles courtes à 2 yeux

Les nécroses déjà observées au printemps restent visibles sur les rameaux aoûtés. On peut observer également, dans le cas d’attaque sévère du rameau dans sa partie basale, un étranglement au niveau de l’insertion du bois de 2 ans. Des blanchissements ponctués de petites taches noires (pycnides) sont parfois observés sur les premiers entre-coeurs d’un rameau atteint. En hiver, les pycnides exsudent des cordonnets de couleur jaune pâle qui contiennent les pycniospores. Le printemps suivant, au moment du débourrement, certains rameaux peuvent même avorter.

Quelle est la biologie du champignon associé à l’excoriose de la vigne ?

Le champignon responsable de l’excoriose (Diaporthe ampelina) se conserve durant l’hiver sous forme de mycélium et de pycnides sur les écorces et sous forme de mycélium uniquement sur les bourgeons dormants. Il produit des pycnides de couleur noire à la fin de l’hiver et au printemps sur les bois excoriés. Lorsque les conditions climatiques deviennent favorables à la germination des pycnides (précipitations prolongées), celles-ci émettent un cordonnet de couleur jaune contenant les pycniospores. La pluie, en diluant ces cordonnets et les spores, va permettre leurs disséminations sur des organes réceptifs où ils germeront si la période d’humectation est suffisamment longue. Cette dissémination se fait sur de courtes distances et la maladie reste très localisée. Le matériel végétal contaminé est par contre une source de dissémination sur de longues distances. La vigne possède une période de réceptivité très courte s’étalant du stade D au stade E de Baggiolini.

A noter qu’il est plutôt facile de réaliser un diagnostic de l’excoriose en plaçant, pendant quelques jours, un fragment de rameau atteint en chambre humide. Les pycnides exudent, après 24 à 48 heures, les cordonnets contenant les pycniospores.

Quels moyens de lutte prophylactique contre l’excoriose de la vigne ?

  • éliminer au moment de la taille les rameaux atteints et les évacuer de la parcelle
  • contrôler la vigueur de la vigne (enherbement, fertilisation azotée…) pour ne pas favoriser le développement de la maladie

l’INRA de Bordeaux a établi en 1986 suite aux travaux de Bugaret une classification de la sensibilité des différents cépages :

Cépages très sensiblesCépages sensiblesCépages peu sensiblesCépage presque résistant
Alphonse Lavallée, Cabernet-Sauvignon, Cardinal, Grolleau, Gros vert ovale, Muscadelle, Müller-Thurgau, Perle de Csaba, DurasAlicante Bouschet, Aligoté, Chenin, Chasselas, Colombard, Datier de Beyrouth, Folle Blanche, Grenache, Mauzac, Muscat d'Alexandrie, Ondenc, Sauvignon, Sémillon, Servant, Syrah, TannatBaroque, Cabernet Franc, Carignan, Cinsault, Fer Servadou, Italia, Merlot, Petit Manseng, Raffiat, Sylvaner, Traminer, Ugni BlancPinot Meunier

Quelle lutte chimique contre l’excoriose de la vigne ?

La lutte contre l’excoriose au vignoble dépend de l’historique de la parcelle. Les traitements sont à réaliser obligatoirement de manière préventive pendant la phase de sensibilité de la vigne, entre le stade D et E. Si des symptômes sont observés à la taille sur rameaux, il sera nécessaire d’envisager une protection, à moins que les prévisions météorologiques ne garantissent un temps très sec. Deux stratégies sont envisageables:

  • Application d’un fongicide de contact aux stades D (30 à 40% des bourgeons au stade D) et E (40% des bourgeons au stade E)
  • application au stade D d’une spécialité à base de fosétyl-al associé à un fongicide de contact

Les spécialités autorisées pour la lutte contre l’excoriose sont nombreuses. Il est conseillé de réaliser les traitements contre l’excoriose à des volumes par hectare importants (de 400 à 600 L/ha), de façon à bien mouiller les bourgeons et les bois de taille. Ces traitements peuvent être réalisés sous une pluie légère.

Quelle est la nuisibilité de l’excoriose en pépinière ?

L’utilisation de matériel végétal porteur de Diaporthe ampelina peut provoquer de gros dégâts en pépinière, et est à l’origine d’une dissémination à grande échelle de la maladie. En effet, le champignon est fréquemment isolé sur les jeunes plants ou sur les boutures (greffons et porte-greffes), voire dans les caisses de stratification où il participe à la formation de « voiles » mycéliens, qui peuvent causer la perte de matériel s’ils ne sont pas traités à temps. Le triage visuel et l’élimination de la base des rameaux porteurs de symptômes, bien que nécessaires et habituellement réalisés en pépinière, ne sont en général pas suffisant pour éliminer tous les bois hébergeant le champignon. Les parcelles de vignes-mères doivent donc être soumises à une lutte chimique stricte. Le test de mise en chambre humide peut également être pratiqué pour du matériel où le doute existe.

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