LE RÉEMPLOI DES BOUTEILLES

Réemploi, recyclage, consigne, de quoi parle-t-on ? 

Le réemploi consiste en toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus.

La hiérarchie des modes de traitement est le socle juridique de la gestion des déchets.  Les priorités adoptées par le Conseil d’Etat depuis 2018 et soutenues par Zero Waste France tendent à privilégier la réduction des déchets par la diminution et le réemploi des emballages mis en marché avant leur recyclage.

Le recyclage consiste en toute opération de valorisation des déchets par laquelle le verre est retraité en substances, matières ou produits aux fins de sa fonction initiale ou à d’autres fins. L’application la plus répandue du verre recyclé est la fabrication de nouveaux emballages en verre. Il est aussi très utilisé dans le secteur de la construction et la fabrication de produits isolants.

Enfin, la consigne se définit comme la somme supplémentaire payée par le consommateur au moment de son achat et qui lui est restituée quand il rapporte l’emballage au point de collecte.

Quels sont les avantages écologiques du réemploi ?

Une étude d’Analyse de Cycle de Vie démontre les bénéfices environnementaux indéniables du réemploi en comparaison au recyclage, notamment dans les conditions d’un dispositif local pour lequel les flux logistiques sont maîtrisés.

Aujourd’hui, pour produire une bouteille recyclée, il faut chauffer le verre pendant 24h à 1500°C, alors que pour réemployer une bouteille en verre il suffit de la laver 15 minutes à 80°C. Le réemploi permet donc d’économiser 76 % d’énergie, 33 % d’eau en comparaison au recyclage et produit 5 fois moins de gaz à effet de serre (source : Deroche & Consultants 2009, cas de la Brasserie Meteor en Alsace).

Cette étude évalue qu’une bouteille pourra connaître jusqu’à 20 cycles d’utilisation grâce à un taux de retour de 90%.

Quelle est la réglementation concernant le réemploi ? 

La loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire, février 2020) et la loi Climat et Résilience (août 2021) ont pour objectif principal de faire sortir la France des emballages en plastique à usage unique d’ici 2040, notamment via le développement du réemploi.

Le décret d’application de la loi AGEC du 8 avril 2022, précise la part minimum d’emballages réemployables mis en marché avec un objectif à 10% d’ici 2027.

 

Les éco-organismes emballages ménagers, CITEO et Léko, agréés par l’Etat sont chargés de gérer et financer la fin de vie des emballages par leur recyclage ou leur réemploi. Toute entreprise qui met en marché des produits emballés, est concernée par la Responsabilité Élargie du Producteur et doit adhérer à un éco-organisme. Elle verse à ce titre une éco-contribution qui permettra de gérer la fin de vie de ses emballages (article L541-10 du code de l’environnement).

En mai 2023, l’Etat à également annoncé « […] des discussions du cadre juridique avant la fin de l’année, des expérimentations qui vont se mettre en œuvre l’an prochain, et une généralisation du réseau d’ici à deux ans. »

Au niveau Européen, la Commission Européenne prévoit également un encadrement des emballages et des déchets d’emballages dans le cadre du Pacte Vert.

Comment identifier une bouteille réemployable ?

Le Réseau Vrac et Réemploi a créé le pictogramme national “Rapportez-moi pour réemploi », dont l’objectif est de permettre aux consommateurs d’identifier les emballages réemployables mis en marché.

Le pictogramme est fourni aux producteurs accompagné par un opérateur du réemploi, tel que Consign’Up, après validation de l’aptitude au réemploi de la bouteille. Il est soumis aux conditions d’utilisation précisées dans une Charte graphique et un Règlement d’usage.

Bouteilles de vin avec le logo “Rapportez-moi pour Réemploi”
Crédit photo : Vincent Nguyen

Comment adapter sa matière sèche pour le réemploi des bouteilles en verre ?

1/ La bouteille utilisée doit correspondre aux standards définis par la filière. Ces standards ont été déterminés par Le réseau Vrac et Réemploi* selon des critères de robustesse, de disponibilité et d’esthétisme. Ils sont disponibles en format bordelaise et bourguignonne et déclinés en plusieurs teintes.
Le recours aux standards au niveau national permet de collecter et revendre les bouteilles en local, indépendamment des flux d’achat, de distribution, et de retour, afin de minimiser l’impact environnemental du transport des contenants.
Des bouteilles spécifiques dites “iconiques” peuvent également être acceptées au sein de la filière de réemploi.

2/ Les étiquettes doivent respecter le cahier des charges France Consigne**. Celui-ci permet de garantir le décollement de l’étiquette lors du lavage industriel et donc la maîtrise des coûts de prestation.
Il contient des critères techniques concernant le type de papier, l’adhésif, la taille et les ennoblissements.

3 / Le numéro de lot doit obligatoirement être apposé sur l’étiquette afin de rentrer dans la boucle du réemploi.

4 / La suppression de la capsule est par ailleurs encouragée pour éviter les déchets liés à l’emballage et réduire les coûts matières.

Les opérateurs du réemploi, comme Consign’Up, accompagnent les producteurs sur la mise en application de ce cahier des charges à leur entrée dans la filière. 

Quel est le processus de lavage et les contrôles qualité ?

Une fois collectées, les bouteilles sont triées par format pour être lavées selon un processus d’immersion dans un bain d’eau sodée chauffée à 80°. Elles seront ensuite désinfectées, rincées et séchées, avant d’être conditionnées sur palette pour la revente.

 Le lavage s’inscrit dans une démarche HACCP et un process qualité strict intégrant :

  • un tri avant lavage pour écarter les bouteilles non éligibles au réemploi ;
  • le mirage par opérateur pour chaque bouteille lavée ;
  • des contrôles sanitaires faits en amont et en aval du lavage ;
  • des tests bactériologiques et de résidus chimiques faits en laboratoire externe ;
  • le contrôle des rampes d’aspersion – hebdomadaire ;
  • le contrôle du bain d’eau sodée – 2 fois par jour et à chaque démarrage de lot ;
  • le contrôle et lavage des filtres – 2 fois par jour ;
  • le contrôle de résidus de soude – début et fin de lot ;
  • un rapport de lavage – toutes les 3000 bouteilles.

En sortie de ligne, les bouteilles sont palettisées selon les fiches de palettisation prévues par format sur une palette VMF, avec intercalaires et bâche hermétique.

Palettisation manuelle après lavage (Crédit photo : Consign’Up)

Quels sont les avantages du réemploi pour les vignerons ?

Le réemploi permet aux producteurs de maîtriser leurs coûts d’approvisionnement via :

  • un approvisionnement en local ;
  • la dispense d’éco-taxe sur les emballages réemployés issus du lavage ;
  • la diversification des fournisseurs de bouteilles en verre ;

L’anticipation de la réglementation autour du réemploi permet aux domaines de maîtriser le calendrier de mise en place, bénéficier d’opportunités au sein de la filière vis-à -vis des distributeurs et répondre à des critères de référencement qui tendent à se démocratiser.

Enfin, les études montrent que les consommateurs sont en attente de solution de la part des metteurs en marché : 67% ds français se disent prêt à privilégier un produit consigné au profit d’un emballage jetable (sondage réalisé en 2019 par l’Institut Yougov pour le Huffington Post).

* Réseau Vrac et Réemploi : association nationale qui fédère les acteurs du secteur du réemploi tous emballages confondus
**France Consigne : association qui regroupe 10 opérateurs du réemploi en France Métropolitaine

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