LES INFRASTRUCTURES AGROECOLOGIQUES, PARTIE INTEGRANTE DU V.I.E.

 

De manière à s’inscrire durablement dans le temps, le V.I.E. intègre dans sa stratégie d’exploitation un volet agroécologie. L’agroécologie est une approche systémique vise la mise en place d’infrastructures pour utiliser les fonctionnalités offertes par l’écosystème et diminuer les pressions sur l’environnement. L’objectif de cette approche pérenne au sein d’un V.I.E. est ainsi de préserver la biodiversité et les ressources naturelles pour une vigne en bonne santé.

Qu’appelle-t-on une infrastructure agroécologique ?

Les « infrastructures agroécologiques » (IAE) correspondent à des habitats semi-naturels qui ne reçoivent ni fertilisants chimiques, ni pesticides… Il s’agit de certaines prairies permanentes, d’estives, de landes, de haies, d’arbres isolés, de lisières de bois, de bandes enherbées le long des cours d’eau ou de bordures de champs ainsi que des jachères, des terrasses et murets, de mares et de fossés et d’autres particularités. Essentielles pour l’environnement, elles contribuent à la préservation de la biodiversité, au cycle et à la qualité de l’eau ainsi qu’au stockage de carbone. En tant qu’habitats des pollinisateurs et d’autres espèces qualifiées d’auxiliaires des cultures, les IAE présentent également un grand intérêt pour l’agriculture […] (CGDD n° 145 oct. 2012).

En viticulture, ces IAE se positionnent à la fois au sein et autour de la parcelle cultivée. Elles contribuent à la biodiversité fonctionnelle du système agricole. Pour les systèmes V.I.E., on retrouve communément :

  • A l’intérieur de la parcelle : des engrais verts renouvelés chaque année et de l’enherbement permanent ou temporaire. A noter : les engrais verts ne font pas partie des IAE au sens strict mais font partie des pratiques agroécologiques ;
  • Autour des parcelles, des haies diversifiées, de l’enherbement des bandes tampons non traitées, des jachères fleuries non traitées et ainsi favorables aux pollinisateurs, des nichoirs à oiseaux et à chauve-souris, des ruches.

 

Pourquoi développer des infrastructures agroécologiques sur une exploitation V.I.E. ?

Les aménagements paysagers favorables à la biodiversité doivent être interconnectés dans l’espace selon une stratégie réfléchie à l’échelle paysagère. Tout en essayant de faire le lien entre les espaces semi-naturels déjà présents, ils doivent être orientés à proximité des espaces les plus défavorables à la biodiversité afin de constituer des zones refuges qui fournissent des abris et des ressources alimentaires à la faune, ainsi que des corridors. Pour cela, les espaces interparcellaires doivent donc être maintenus et si possible renforcés. Des ensemencements de mélanges d’espèces adaptées peuvent être envisagés afin de diversifier la strate herbacée des friches temporaires dont l’influence, bénéfique sur la biodiversité, peut être améliorée. En complément, l’implantation de haies permet de rompre avec le paysage monocultural de type « mer de vignes » tout en augmentant le nombre d’habitats semi-naturels.

Le niveau de mécanisation élevé, l’implantation de rangs longs (minimum 200 m), la productivité importante des parcelles V.I.E. (objectif de 15 à 20 t/ha), requièrent un système résilient et intégré dans une dynamique de territoire durable. La présence de variétés résistantes permettant d’avoir un IFT plus faible, l’utilisation de panneaux récupérateurs pour les traitements, la fertirrigation et l’irrigation enterrée sont autant de pratiques visant à optimiser les itinéraires techniques du V.I.E. en minimisant leur impact sur l’environnement.

Les infrastructures agroécologiques complètent ces pratiques en favorisant la biodiversité et le fonctionnement naturel du système. On parle de services écosystémiques. On cherche ainsi à préserver la qualité des sols et à protéger et développer la biodiversité.

Quel intérêt à couvrir le sol dans un V.I.E. ?

Les couverts végétaux en système V.I.E. comprennent au sens large l’enherbement permanent ou temporaire spontané ou semé, et les engrais verts annuels dans l’inter-rang. La concurrence avec la vigne peut être maîtrisée en ajustant la largeur des bandes, en décidant d’implanter un couvert sous le rang ou non, en alternant engrais verts détruits lors de la phase végétative de la vigne, et bandes enherbées en permanence, et en choisissant des espèces adaptées. Les intérêts des couverts végétaux sont multiples :

 

  • Réduire l’utilisation d’herbicides et le travail du sol en couvrant 30% à 60% du sol
  • Améliorer la portance du sol pour le passage d’engins agricoles, notamment dans ce contexte où le niveau de mécanisation est élevé
  • Favoriser l’infiltration de l’eau en profondeur et éviter l’érosion du sol
  • Nourrir son sol avec de la matière organique via la macrofaune (vers de terre…) et la microfaune du sol (micro-organismes), ce qui permet d’avoir un sol fonctionnel, « vivant » et de maintenir le taux de matière organique
  • Constituer un réservoir de biodiversité : habitat et alimentation pour la faune, contribuant notamment à équilibrer le système agricole

 

Une fiche pratique sur la mise en œuvre d’un engrais vert en VIE est disponible dans le lien ci-dessous :  https://www.vignevin-occitanie.com/les-engrais-verts-adpates-a-un-vie/

Comment penser un projet de haie champêtre inter-parcellaire ou intra-parcellaire en V.I.E. ?

Les haies sur un ilot viticole V.I.E. peuvent être issues d’éléments préexistants maintenus au moment de la préparation de la parcelle, ou alors de linéaires nouveaux conçus spécifiquement à l’occasion de la mise en place des parcelles. Les services écosystémiques sont nombreux :

  • Intérêt paysager ;
  • Création d’un corridor écologique sur le territoire : les haies constituent des couloirs de déplacements, notamment pour les oiseaux et les chauves-souris, et constituent aussi un abri, un habitat et une ressource (choix d’essences à fruits sauvages nécessaire lors de la conception de la haie) pour la faune en général ;
  • La faune favorisée en conséquence peut être qualifiée d’auxiliaire lorsqu’elle consomme certains des ravageurs de la vigne. Les chauves-souris sont par exemple connues pour consommer des pyrales et des tordeuses (des études spécifiques à la viticulture sont en cours actuellement) ;
  • Diversification d’espèces en interrompant la continuité entre les parcelles de vignes, et a fortiori maintien de zones sans traitement phytosanitaire ;
  • Stockage de carbone (amplifié pour les espèces haut-jets) ;
  • Limitation de la dérive de produits phytosanitaires.

Concernant la mise en œuvre, il est important d’avoir diverses strates : buissons, arbustes, arbres. Le choix d’essences locales permet de limiter tout risque d’envahissement par des espèces exotiques et d’être adapté au contexte pédoclimatique local. Sur les premières années, il est utile d’arroser pour éviter les pertes et permettre à la haie de se développer. Cependant, une fois la haie en place (après 2-3 ans), elle ne doit plus dépendre de l’irrigation. Attention à bien anticiper les dimensions de la haie à l’avance pour garder suffisamment de place pour son bon développement, et pour éviter toute gêne lors des interventions mécanisées par la suite. A savoir, plus une haie est large et plus ses services écosystémiques sont déployés.

Plusieurs associations locales peuvent aider à la création de projets de haies. On retrouve les associations « Arbres et paysages » départementales par exemple, qui proposent un accompagnement avec des aides financières possibles, ou encore les chambres d’agriculture.

Quelles mesures complémentaires envisager pour avoir un vignoble durable ?

  • Protection des pollinisateurs

Un rapprochement avec les associations professionnelles d’apiculture est pertinent dans la mesure où l’échange entre les deux filières permet de maîtriser le risque d’impacter les abeilles lors des traitements en se concertant avec les apiculteurs. C’est aussi l’occasion d’apprendre à protéger les pollinisateurs sur son territoire.

  • Préservation des chauves-souris et oiseaux

De même, la pose de nichoirs à chauves-souris et à oiseaux est un moyen d’observer les espèces locales, d’offrir un gîte à ces espèces, de communiquer et de sensibiliser les différents acteurs du territoire à l’importance de la protection de ces espèces sur les ilots cultivés.

  • Implantation de mares

De manière plus extensive, la mise en place de mares pour le maintien des zones humides contribue à la continuité écologique du territoire et permet de compléter les actions menées pour favoriser oiseaux et chauves-souris.

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POUR EN SAVOIR PLUS

Les engrais verts adaptés au V.I.E.
Le statut organique du sol du V.I.E.
Les haies composites

Références bibliographiques :
Guide transition agroécologique & changement climatique en viticulture.

Sentenac, G. (2011). La faune auxiliaire des vignobles de France. Paris: Editions France Agricole.

 

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