LA NECROSE BACTERIENNE DE LA VIGNE

La nécrose bactérienne concerne actuellement 5 vignobles : Roussillon, Armagnac (Aquitaine et Midi-Pyrénées), Charentes et Diois, soit 67 communes connues et 9 appellations. La liste n’est cependant pas exhaustive, la maladie n’étant pas toujours bien identifiée par les viticulteurs.

Quels sont les cépages les plus sensibles à la nécrose bactérienne ?

Clairette rose et Clairette blanche, Colombard, Ugni blanc, Sémillon, Alicante Bouschet, Grenache et Gamay N sont les cépages qui, quel que soit le critère de notation, apparaissent régulièrement comme les plus sensibles.

Quels sont les symptômes les plus caractéristiques de la nécrose bactérienne ?

  • sur bourgeons : pas de débourrement ou dessèchement au stade 2-3 feuilles (photo 1)
  • sur feuilles : dans le cas d’une contamination par les vaisseaux, les feuilles présentent des dessèchements sectoriels du limbe de couleur « havane » (photo 2). Ces feuilles se décolorent entièrement et tombent. Dans le cas d’une contamination des parenchymes, les feuilles présentent des petites taches brunes à noirâtres polygonales entourées d’un halo jaune huileux
  • sur rameaux et sarments, après le stade 4-5 feuilles étalées, on peut noter l’apparition de taches linéaires brunes entourées d’une marge huileuse qui évoluent en chancre par un éclatement ou des mérithalles formant une profonde crevasse brune ou noire selon les cépages (photo 3). Les ceps les plus atteints présentent une végétation rabougrie
  • sur inflorescence et grappes (photo 4), on observe un noircissement et un phénomène de coulure des boutons floraux, un éclatement de la rafle
Photo 1 : desséchement par la nécrose bactérienne au stade 2-3 feuilles sur Clairette
(source Groupe de Travail national)
Photo 3 : chancre caractéristique de la nécrose bactérienne sur rameau
(source Groupe de Travail national)
Photo 2 : dessèchement sectoriel du limbe de couleur « havane »
(source Groupe de Travail national)
Photo 4 : nécrose sur grappe d’Ugni blanc
(source Groupe de Travail national)

Il existe des possibilités de confusion avec par exemple des dégâts de gel ou de grêle, des symptômes d’excoriose, d’eutypiose, voire de mildiou sur rameaux aoûtés.

Quelle est la biologie de la bactérie responsable de la nécrose bactérienne ?

L’agent causal de cette maladie est la bactérie Xylophilus ampelinus qui se développe uniquement sur la vigne. Le vieux bois ou tronc est le lieu de survie et de multiplication de la bactérie. Il sert de source d’inoculum pour contaminer le bois aoûté puis les organes herbacés.

Quelles sont les modes de contamination ?

La bactérie n’existe pas spontanément dans un vignoble et doit y être introduite. La contamination initiale peut soit se faire par du matériel végétal infecté, soit par du matériel agricole pollué susceptible de blesser les ceps (sécateurs, prétailleuses, écimeuses…) ou par le vent et la pluie lorsqu’il existe une parcelle contaminée dans le voisinage immédiat. La bactérie peut ensuite contaminer le cep par deux voies différentes à deux périodes distinctes du cycle externe de développement de la vigne :

  • au débourrement par voie externe avec extériorisation de symptômes : la bactérie est présente dans les pleurs qui s’écoulent. La bactérie est présente dans les pleurs qui s’écoulent lors du débourrement et est ainsi « véhiculée » jusqu’aux bourgeons, feuillage et jeunes rameaux. Elle pénètre dans les tissus végétaux où elle provoque l’apparition de symptômes typiques (chancres et taches foliaires). Ensuite, elle envahit les vaisseaux du bois (xylème) et colonise les ceps à contre-courant du flux de sève brute en atteignant ainsi progressi-vement le vieux bois
  • pendant l’hiver par voie interne sans engendrer de symptôme : le vieux bois est à l’origine d’une contamination interne directe qui se produit lors du repos hivernal par l’intermédiaire de la sève brute, transportant la bactérie jusque dans les sarments aoûtés. Ce type de contamination passe complètement inaperçu car il ne s’accompagne d’aucun symptôme. Lors de la reprise d’activité, les sarments contaminés émettent alors des pleurs infectés qui seront source de contamina-tions secondaires si le climat est favorable (printemps doux et humide)

La vigne est particulièrement sensible aux contaminations du débourrement jusqu’au stade 5-6 feuilles étalées environ. Les vendanges représentent également une période critique dans les vignobles récoltés mécaniquement.

Quelles sont les méthodes à mettre en oeuvre sur toute la surface d’une exploitation possédant au moins une parcelle malade ?

La lutte contre la nécrose bactérienne est uniquement préventive. Il convient :

  • de définir un itinéraire technique : les opérations culturales pouvant blesser les ceps (prétaillage, taille, écimage, travail du sol…) commenceront toujours par les vignes apparemment saines
  • de nettoyer et de désinfecter le matériel entre chaque parcelle et en fin de journée avec de l’eau de javel ou de l’alcool (à l’aide d’une pompe à dos sur le terrain ou d’un nettoyeur haute pression sur l’exploitation)

Quelles sont les méthodes de lutte à mettre en oeuvre sur les parcelles apparemment saines de l’exploitation ?

  • utiliser du matériel propre et désinfecté pour toutes les opérations culturales pouvant blesser les ceps (prétaillage, taille, écimage, travail du sol…)
  • désinfecter le matériel entre chaque parcelle
  • la prétaille est déconseillée ainsi que l’épamprage mécanique (préférer le chimique ou manuel). En cas d’épamprage mécanique, le faire suivre d’une bouillie bordelais à 2% (400 g de cuivre métal/hl) ou d’un organo-cuprique autorisé en ayant soin de bien mouiller le cep
  • lorsque la lutte contre le mildiou devient nécessaire et jusqu’au stade floraison, privilégier des produits organo-cupriques, associant cuivre et dithiocarbamates
  • à partir de début juin repérer les parcelles atteintes qui devront bénéficier, les années suivantes, de mesures de protection spécifiques aux parcelles contaminées. Dans le cas des jeunes vignes et lorsque le foyer est limité à quelques ceps : les arracher et les brûler sans délai. Utiliser de préférence des plants de remplacement traités à l’eau chaude
  • en cas de récolte mécanique, il est impératif de protéger les ceps dans les 12 heures maximum qui suivent avec une bouillie bordelaise à 2% ou un organo-cuprique. La machine doit être lavée afin d’éliminer tous les débris végétaux et le jus sucré, désinfectée avec un produit ne laissant pas de mauvais goût (alcalin chloré ou peroxyde d’hydrogène) puis rincée soigneusement
  • drainer les sols, les bactéries étant présentes dans les eaux de mouillères
  • en cas de grêle, traiter dans les premières heures avec une bouillie bordelaise à 2%

Quelles sont les mesures spécifiques aux parcelles contaminées par la nécrose bactérienne ?

  • tailler pendant le repos végétatif complet à l’arrêt de sève
  • après la taille traiter les plaies avec une bouillie bordelaise à 5% (1kg de cuivre métal)
  • sortir et brûler rapidement les bois de taille dans les parcelles ayant exprimé la maladie au cours du printemps précédent
  • attacher les lattes et arquets rapidement pour limiter la contamination des bourgeons par les pleurs
  • appliquer rigoureusement au minimum 2 traitements de printemps, le premier au gonflement des bourgeons, le deuxième au stade 2-3 feuilles à l’aide d’une bouillie bordelaise à 2%. En cas de lessivage et de fortes pluies (20-25 mm), il est nécessaire de renouveler la protection.
  • à partir du moment où la lutte contre le mildiou devient nécessaire et jusqu’au stade floraison, il convient de réaliser une lutte mixte nécrose-mildiou en utilisant des produits autorisés pour les 2 usages associant cuivre et dithiocarbamates

Et le matériel végétal ?

Compte tenu de l’existence de porteurs sains dans les vignes-mères, il est impossible de garantir une absence totale de bactérie dans les plants. Il est donc vivement conseillé de réaliser ou de demander un traitement à l’eau chaude du matériel végétal issu de vignobles reconnus contaminés (50°C pendant 45 minutes selon le protocole flavescence dorée).

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