Assainissement de variétés patrimoniales du Sud-ouest

15 Mai 2024

Par Olivier Yobrégat
Sécal, Mourtaou, Gros Mansois, Gros Péjac ou Ahumat…Ces noms de cépage ne vous disent probablement pas grand chose, et pour cause ! Ils font partie de la vingtaine de variétés patrimoniales du Sud-Ouest qui n’ont jamais été retrouvées en bon état sanitaire, mais porteuses d’une ou plusieurs viroses graves (court-noué et divers types d’enroulements). C’est pourquoi ces cépages n’ont jamais pu intégrer les conservatoires régionaux (dont celui de l’IFV Sud-Ouest, débuté il y a 20 ans déjà, et qui compte aujourd’hui plus de 400 variétés), ni les parcelles d’évaluation. Par contre, ils étaient préservés aux côtés de milliers d’autres génotypes rares (et donc précieux) dans la collection de l’INRAE de Vassal qui s’est donnée pour vocation de conserver les ressources génétiques coûte que coûte (et qui est installée depuis 1949, grâce notamment au travail visionnaire du professeur Branas, dans des sables du cordon littoral méditerranéen impropres à la propagation du court-noué).
A la faveur d’un projet régional financé par FranceAgrimer, et grâce au travail de nos collègues du Pôle National Matériel Végétal de l’IFV, au Grau du Roi, nous avons pu assainir ces variétés (technique qui fait appel à la fois à de la thermothérapie et du microgreffage d’apex) et récupérer des bois issus de plants sains cultivés en serre. Aujourd’hui, après les avoir greffés sur des porte-greffes longs (un choix personnel, visant à obtenir des plants vigoureux destinés à intégrer la collection régionale), nous avons sorti ces futurs plants de la phase de stratification et les avons préparés à la mise en gros pots. Jusqu’ici, tout se passe bien !
Qui sait, peut-être que quelques-uns de ces cépages (dont certains ne portent même pas de nom, ayant été retrouvés en mélange au sein de vieilles parcelles sans que la mémoire vigneronne ne leur ait associé une dénomination) retrouveront un jour une petite place au sein des vignobles qui les ont autrefois accueillis ? En tout cas, c’est une possibilité qui leur était exclue jusqu’ici en raison de leur état sanitaire, incompatible avec une replantation raisonnable.