LE SURGREFFAGE DE LA VIGNE

Pratique culturale de pointe, le surgreffage est un moyen puissant et rapide d’adapter son vignoble au marché. Même si une greffe en fente est possible, les principales techniques utilisées aujourd’hui pour restructurer les vignobles sont les greffes en T-Bud et en Chip-Bud.

Qu’est-ce que le surgreffage et pourquoi surgreffer une vigne ?

Le surgreffage désigne un greffage pratiqué sur des vignes agées et productives qui permet d’unir deux éléments, le plus souvent une partie aérienne, le greffon, à une partie souterraine, le porte-greffe, en ajustant les cambiums pour qu’ils se soudent entre eux au moyen d’un cal de cicatrisation. Le surgreffage offre de nombreuses possibilités par rapport à une replantation :

  • modifier son encépagement en 1 année avec une seule perte de récolte
  • un gain qualitatif sur vin par préservation d’un système racinaire en place depuis plusieurs années
  • préserver le palissage en place

Par contre, le surgreffage ne permet pas de rajeunir une vigne ni de la soigner (flavescence dorée, eutypiose, esca) et doit donc être pratiqué sur une vigne en bonne santé.

Le surgreffage est actuellement couramment pratiqué dans le vignoble de Moissac pour remplacer le Chasselas par d’autres variétés de raisins de table.

Quelles sont les principales causes d’échec du surgreffage de la vigne ?

La réussite d’un surgreffage dépend d’un grand nombre de points de détail. En cas de taux de reprise insuffisant (<80%), l’échec peut en général être expliqué par l’une des causes suivantes :

  • manque de dextérité des praticiens. Pour un bon ajustement des cambiums, les greffons doivent posséder des longueurs de biseaux importantes et les coupes doivent être de qualité
  • mauvaise qualité et manque de fraîcheur des greffons. Idéalement, le matériel végétal doit être conditionné sous film plastique en chambre froide à 4°C et 90% d’humidité immédiatement après la taille, afin d’éviter toute déshydratation,
  • causes météorologiques. Des températures chaudes sont les meilleurs garants du succès d’un surgreffage et permettent une bonne alimentation en sève du greffon. En complément un arrosage et/ou un maintien d’un rameau tire-sève peuvent être réalisés.

Comment préparer le surgreffage de la vigne ?

La réussite d’un surgreffage est liée à un important travail de préparation qui consiste à :

  • collecter et à conserver les greffons (en prévoir 2 par souche). Attention à éviter toute dessication
  • écorcer les souches sur la zone d’intervention. Débarrasser la souche des toutes les écorces mortes sans atteindre les parties vivantes
  • supprimer les liens existants (si besoin) et écarter les tuteurs
  • réaliser les démarches administratives auprès de l’INAO, du Service de la Viticulture et de FranceAgriMer

Les travaux de surgreffage sont en général réalisés par un prestataire de service, mais peuvent également être réalisés soi-même à l’aide de kits de surgreffage.

La greffe en T-Bud ?

La greffe en T-Bud s’opère dès le décollement de l’écorce de la vigne, qui correspond à une intense montée de sève, caractéristique de la période de floraison. Il s’agit de la plus accessible et de la plus performante des méthodes de surgreffage. Cependant, elle ne peut être réalisée que sur une période assez brêve (15 jours environ, durant la floraison).  La cadence de réalisation est élevée et les risques d’accidents sont réduits. L’ajustement se fait sous l’écorce avec un potentiel de contact optimal tant sur la zone dorsale du greffon, que sur le biseau facial. La réalisation de l’incision sur la souche est facilement accessible aux néophytes par contre, une très bonne technicité reste nécessaire pour la réalisation du greffon. La greffe en T-Bud ne peut pas être réalisée sur des petits sujets (porte-greffe de diamètre inférieur à 2 cm) par contre il n’existe pas de limite d’âge des ceps ni de diamètre supérieur pour la réalisation de cette greffe.

Photo Worldwide Vineyards

La greffe en Chip-Bud ?

Le greffon est similaire à celui utilisé pour la greffe en T-Bud. Contrairement à la greffe en T-Bud, la greffe en Chip-Bud peut être réalisée sur tous les diamètres de sujets, avec la seule obligation celle d’avoir des sujets dont le diamètre est supérieur à celui des greffons (environ 12 mm). Elle est donc réalisable en plein champ sur des porte-greffes de 1 an vigoureux ou de 2 ans moyennement vigoureux. La période d’intervention de la greffe en Chip-Bud est plus large que celle en T-Bud et peut commencer au début du printemps et s’achever au début de l’été. La préservation d’un rameau tire-sève permet de sécuriser la survie de la plante en cas d’échec.

Photo Worldwide Vineyards

Qu’est-ce que le surgreffage en fente ?

C’est la technique la plus ancienne. Le greffage en fente traditionnel peut se pratiquer également sur un jeune plant. Il doit être effectué au printemps, en montée de sève, lorsque les risques de refroidissement brutal sont moindres. En effet, un arrêt ou un ralentissement durable de la montée de la sève après l’opération est la cause majeure des échecs constatés pour cette technique.

  • Le tronc de la souche à greffer est coupé quelques centimètres au-dessus du sol. On pratique avec un outil bien affûté une fente en son milieu, qu’on maintient ouverte avec un petit coin
  • Selon le diamètre du tronc fendu, un ou deux greffons taillés en biseau sont introduits dans la fente aux deux extrémités, de façon à ce que l’écorce des greffons soit en parfaite continuité avec celle du tronc.
  • Le biseau pratiqué sur les greffons doit être net et régulier, de façon à ce que la longueur du greffon taillé représente 5 à 6 fois son diamètre. Les assises génératrices doivent être parfaitement en contact.
  • L’assemblage doit être ligaturé avec un lien dégradable, et recouvert de terre fine
  • La réussite de la greffe est concrétisée quelques semaines plus tard (variable selon les conditions), par le débourrement des bourgeons du greffon, et par l’apparition des premières feuilles hors de la butte
  • Selon l’aspect des buttes, la nature de la terre utilisée et les conditions météo, on pourra être amené à les arroser pour conserver une humidité suffisante autour de la greffe. Il faudra également dégarnir les plants durant la saison afin d’éviter l’affranchissement du greffon (émission de racines au nouveau point de greffe).

Source : Chambre d’Agriculture de l’Hérault

 Quelles sont les autres variantes de sugreffage ?

  • Méthode à la mousse et au sable (évite le buttage)

Source : Chambre d’Agriculture de l’Hérault

  • Méthode à la bouteille et au sable (praticable en fente sur coursons hauts)

Source : Chambre d’Agriculture de l’Hérault

Quels sont les travaux d’entretien des greffes ?

Il ne faut pas sous-estimer l’importance des travaux d’entretien des greffes qui représentent un besoin en main d’œuvre important. Ce besoin est estimé pour un chantier de 4500 pieds à une personne à plein temps pendant 3 mois. Ces travaux consistent à :

  • supprimer la végétation (décapitation)
  • épamprer de manière hebdomadaire les souches sur la zone d’intervention
  • à arroser les greffes (1 à 2 fois)
  • à tuteurer et à palisser les greffes
  • à réaliser les traitements phytosanitaires

Le coût d’un surgreffage ?

Le coût d’un surgreffage réalisé en prestation de service est variable suivant la quantité de pieds à surgreffer et peut varier de 1,35 à 2,05 € HT par pied. Les travaux de préparation et d’entretien sont à la charge du viticulteur. Les principaux prestataires de service sont Worlwide Vineyards, Vitivista et l’Epibiote.

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